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Ondine (2020) Christian Petzold

Ondine (2020) Christian Petzold

Pubblicato 20 set 2020 Aggiornato 20 set 2020 Cultura
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Ondine (2020) Christian Petzold

L'amour est-il plus fort que la mort ? 

Depuis vingt ans le réalisateur Christian Petzold réalise des long-métrages à intervalles plus ou moins réguliers. Il s’est particulièrement fait connaître sur la scène internationale en 2012 avec son film Barbara, qui suivait la vie d’une femme médecin en Allemagne de l’Est. Le film faisait aussi connaître à l’étranger Nina Hoss, qui a souvent tourné avec le cinéaste, et que l’on a pu récemment voir dans L’audition. Avec Ondine, le réalisateur poursuit sa collaboration avec une autre égérie, Paula Beer, qui avait de son côté été révélée par le Frantz de François Ozon. Ce travail commun a visiblement porté ses fruits, puisque la comédienne a reçu l’Ours d’argent de la meilleure actrice au 70e festival de Berlin, tandis que le film y recevait le Grand prix de la critique internationale. Pour écrire son scénario, Petzold s’est inspiré plus particulièrement d’une nouvelle de la poétesse autrichienne Ingeborg Bachmann, ainsi que d’un ouvrage de l’écrivain suisse Peter von Matt, qui évoque le mythe de la nymphe Ondine.

Ondine et Johannes sont attablés dans un café berlinois, non loin de l'agence du Sénat pour le développement urbain, où travaille la jeune femme. Johannes veut rompre mais Ondine le met en garde : s'il la quitte elle sera obligée de le tuer. Devant l'incompréhension du jeune homme, et voyant qu'elle va être en retard pour son travail, elle lui demande d'attendre une demie-heure, puis à son retour de lui dire qu'il l'aime. Elle part faire sa conférence, qui retranscrit à des touristes l'évolution de l'architecture de Berlin à l'aide de maquettes. Quand elle revient à la terrasse du café elle ne retrouve pas Johannes, et le cherche à l'intérieur en vain. Avant de repartir elle croise Chistoph, un scaphandrier qui avait beaucoup apprécié une de ses conférence. Passant à côté d'un grand aquarium elle entend une voix l'appeler et elle se trouble. Suite à un geste maladroit, Chistoph fait tomber une étagère sur l'aquarium, qui se brise.

La façon dont Ondine travaille le mythe qui lui est inspiré pour le moderniser est assez subtil. L'élément aquatique est quasiment toujours présent, au travers de la profession des protagonistes ou des lieux dans lesquels ils évoluent. Le personnage principal, qui incarne la figure de la nymphe, est historienne spécialiste de l'urbanisme, autant dire qu'on ne peut pas vraiment a priori y raccrocher le thème de l'eau. C'est pourtant une antienne qui revient à chacune des interventions auprès de ses auditeurs. Son amant, quant à lui, est scaphandrier, ce qui n’est pas très commun mais est en revanche plus raccord avec la thématique. La caméra n'aura de cesse de l'accompagner dans ses plongées ce qui, au-delà du défi technique relativement bien maîtrisé, apporte des images assez belles. De plus, de nombreux éléments ramènent dans le cadre l'eau : on y voit entre autres choses un aquarium, une piscine, un barrage et bien entendu la Spree, indissociable de Berlin.

Car c'est là où Ondine s'avère malin, puisque l'intrigue se déroule dans un environnement urbain que l'on n'associerait pas vraiment à cet univers. Or on se rend compte que la capitale allemande s'y prête très bien. Au delà de son fleuve, qui ne manque pas de rappeler toute une iconographie autour du courant romantique allemand, on apprend lors de scènes que l'on pensait initialement dispensables beaucoup de choses sur Berlin. La ville est en effet construite sur des marais, et cette influence lacustre fait l'objet de conférences passionnantes. C'est peut-être pour le réalisateur une façon un peu maladroite de nous signifier la dimension historique de son histoire, alors qu'il refuse de nous informer sur le passé des protagonistes. Ainsi la première scène est-elle significative puisque nous sommes immergés au milieu d'une conversation où de nombreux éléments nous sont omis. Lorsque Ondine rappelle à son fiancé qu'il ne doit pas la quitter sous peine de mourir, le spectateur doit alors faire appel à ses souvenirs du conte.

L'incursion des éléments mythologique en plein dans la narration d'Ondine lui donne d'ailleurs un charme suranné. À plusieurs moments, des interventions surnaturelles rappellent à l'héroïne sa destinée, ce qui donne au film un côté kitsch étonnantt mais finalement pas déplaisant. La voix qui l'appelle régulièrement, aux moments clés de l'histoire, est en cela presque de trop, tant elle pourrait paraître risible. Mais la mise en scène de Christian Petzold est assez sobre pour finalement ne pas en rajouter dans la surenchère. Au contraire il fait naître lors des séquences sous l'eau une iconographie poétique qui parvient à nous faire accepter la part d'onirisme inéluctable à un tel sujet. Ne succombant pas à un excès d'effets numériques il parvient à nous faire croire à son histoire et la magie opère. Il peut compter sur le jeu d'actrice tout en nuances d'une Paula Beer qui confirme ici son potentiel et l'on ne manquera pas de suivre sa carrière prometteuse. 

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