Le premier qui l’a dit (2010) Ferzan Özpetek
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Le premier qui l’a dit (2010) Ferzan Özpetek
Secrets de famille bien gardés et mise au point salvatrice
D’origine turque, Ferzan Özpetek a débuté sa carrière de cinéastedans les années 1990. En 1998 il sortait Hammam, film qui avait bénéficié d‘un certain bouche à oreille assez favorable. Les quatre films qu‘il sortira après aborderont également plus ou moins directement la thématique de l‘homosexualité. Ouvertement homosexuel, le réalisateur ne veut toutefois pas se réduire à une simple icône gay. Le premier qui l’a dit aborde de front la thématique du coming-out dans un milieu a priori pas très favorable à l’idée, en plein cœur du sud de l’Italie. Nommé à de multiples reprises aux David di Donatello, l'équivalent italien des Césars, le film obtiendra deux prix pour ses interprètes secondaires.
Le début
Tommaso habite à Rome avec son compagnon Marco. Il vient en vacances près de Lecce dans la maison familiale. Lors du dîner, son père aimerait discuter de l’avenir de l’entreprise familiale de pâtes ; c’est à cette occasion que Tommaso aimerait révéler à tout le monde qu’il est gay et accessoirement qu’il n’a pas fait d’études d’économie mais de lettres. Il fait au préalable part de son intention à son frère Antonio, qui va le prendre de court : c’est lui qui va faire son coming-out lors du dîner. Leur père renie Antonio et se retrouve à l’hôpital à cause d’une crise cardiaque. Coincé, Tommaso doit ronger son frein et faire encore semblant ; oui, mais pour combien de temps ?
Analyse
C‘est une petite comédie bien sympathique que nous offre ici Ferzan Özpetek. Le sujet est moult fois rabâché et ne devrait aujourd’hui, en théorie, plus faire de vagues. Seulement, comme le dit un des personnage du film, on est en 2010, plus en 2000, et le contexte politique italien a sacrément changé rien qu’en dix ans. Du reste, l'instabilité politique qui existe en Italie depuis de nombreuses années, et les développements internationaux qui se succèdent ne sont pas non plus très rassurants quant au progressisme d'une frange de la société. Mais Le premier qui l’a dit n’est pourtant pas un film revendicateur : c’est une comédie qui s’assume et qui n’aspire a priori qu’à la légèreté.
Il suffit de voir les meilleures scènes du long-métrage, lorsque les amis de Tommaso arrivent de Rome pour passer des vacances dans les Pouilles, pour s’en rendre compte. Le film ne manque pourtant pas de défauts, ce qui n'en fait pas non plus une grande œuvre des plus mémorables La mise en scène n'est pas très fine, elle en fait un peu trop avec ses mouvements de caméra trop visibles pour être honnêtes. Le scénario n'est pas d'une finesse éclatante, par exemple le secret de la grand-mère est trop lourdement souligné, et certains personnages frisent parfois la caricature. Et pourtant Le premier qui l’a dit respire la fraîcheur et l’on en sort égayé.
C’est d’une part dû aux acteurs principaux, beaux et tout à fait crédibles dans leurs rôles. Riccardo Scamarcio, qu’on a pu voir dans Nos meilleures années et dans Romanzo criminale, est très touchant et exprime parfaitement les doutes qui assaillent son personnage partagé entre sa vie personnelle et son respect envers les traditions familiales. Nicole Grimaudo est tout à fait charmante ; on s'étonne en la voyant qu’on ne l'ait pas retrouvée dans d’autres productions internationales. Le tout transpire l’Italie et la douceur de vivre, le soleil et la bonne chère. On peut donc en convenir, Le premier qui l'a dit est un très bon moment à partager.