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Eiffel (2021) Martin Bouboulon

Eiffel (2021) Martin Bouboulon

Pubblicato 13 ott 2021 Aggiornato 13 ott 2021 Cultura
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Eiffel (2021) Martin Bouboulon

Viser la lune, ça ne lui fait pas peur

On peut dire qu’Eiffel fait partie de ces projets cinématographiques aux longs courts, et a failli ne pas aboutir. L’instigatrice de l’idée originelle est une autrice et scénariste, Caroline Bongrand, qui décide sur un coup de tête, à la fin des années 1990, de proposer une histoire d’amour dont Gustave Eiffel serait le protagoniste. Alors basée aux États-Unis, elle propose le concept à de nombreux producteurs, qui l’un après l’autre se désistent. Revenue en France, elle va s’inspirer de son expérience pour écrire un roman, Pitch, dont le succès attire la convoitise de certains financeurs. Après plusieurs tentatives infructueuses, ce n’est que vingt ans plus tard qu’Eiffel finit par se monter. Le scénario se peaufine à plusieurs, et le tournage commence en 2019. Or, la seconde partie devait se tourner en mars 2020, et une certaine épidémie a dû la repousser. Ce n’est donc qu’à l’été 2021 que les premiers spectateurs auront pu le découvrir au Festival du film d’Angoulème.

Dans des salons parisiens, Gustave Eiffel reçoit la nationalité américaine pour honorer son travail sur la Statue de la Liberté. Il a en effet, à la demande d’Auguste Bartholdi, conçu la structure interne du célèbre monument inauguré à New-York en 1886. Des officiels français lui demandent alors de proposer un projet à l’occasion de la prochaine Exposition universelle, qui aura lieu trois ans plus tard à Paris. Mais l’ingénieur a plutôt envie de s’atteler au métro, et refuse une idée qui lui est proposée, de construire une tour en métal. Il part déjeuner avec sa fille, qui lui annonce qu’elle veut se marier, mais il ne l’écoute pas vraiment. Pour financer ses futures réalisation, il recontacte un de ses anciens camarades, Antoine de Restac, qui est devenu journaliste. Avec lui, il se rend à une soirée où le ministre du commerce assiste, et où il fait la connaissance de l’épouse d’Antoine, Adrienne.

Avec Eiffel, nous avons affaire à un biopic qui ne veut pas dire son nom. Le film a pour personnage principal Gustave Eiffel, et une partie de son récit se base sur la période où il travaillait à Bordeaux. On sent d’ailleurs que les scénaristes se sont solidement documentés, et le souci de véracité suinte les images qui nous sont montrées. Le reste de l’histoire n’est que pure spéculation : qu’il ait revu Adrienne, effectivement rencontrée dans sa jeunesse, et que la volonté de construire une tour gigantesque fut liée à cet événement, nul ne le sait. Et ce n’est en l’occurrence pas bien important, c’est d’ailleurs l’essence même du cinéma que d’inventer des vies, qu’elles soient inspirées ou non de personnes ayant existé. Et d’ailleurs les descendants de Gustave Eiffel ne semblent pas mécontents du rendu, et considèrent que le principal réside dans la personnalité de leur ancêtre, qu’ils retrouvent bien ici, derrière les traits de Romain Duris.

Ces deux parties d’Eiffel nous sont présentées lors de divers flash-back. Le film alterne ainsi les temporalités au gré de son récit, nous dévoilant petit à petit les détails de la grande Histoire qui est en train de s’écrire. C’est un procédé bien connu, et qui fonctionne à peu près ici. Au gré des changements pileux et capillaires de Romain Duris, on comprend que ce qui nous est raconté fait partie du passé ou non. La reconstitution historique est fastueuse, les décors et les costumes en attestent. On sent aussi que de gros moyens ont été alloués à Martin Bourboulon, qui n’hésitent pas à employer une mise en scène un peu tape-à l’œil, multipliant les effets de caméra et jouant avec les maquettes pour bien nous montrer les divers stades du projet. Ce n’est pas très discret, et l’on comprend bien que le film est destiné à cartonner au box-office. Pourquoi pas, et il se place ainsi dans la droite ligne des comédies romantiques populaires à la française.

Car de la romance, on en trouve à foison dans Eiffel. Son scénario est d’ailleurs centré sur ces deux personnages, qui s’aiment passionnément avant de se déchirer et de se retrouver, ou pas. La sensualité d’Emma Mackey joue pour beaucoup dans la réussite de ce projet. L’actrice de Sex education est tout à fait convaincante et tient la dragée haute à son collègue masculin. Même Pierre Deladonchamps paraît pâlot à côté, mais en même temps son rôle le dessert quelque peu. Tout ceci fait bien penser à une certaine idée de l’excellence à la française, les étincelles en moins, cela dit. Quelques dialogues sont un peu empesés, et le film gagnerait à être raccourci, souffrant de certaines longueurs. Malgré tout, il n’a absolument pas à rougir, et l’on se prend tout de même au jeu dans certaines scènes assez impressionnantes. En résumé, on pourrait dire que la montagne a accouché d’une souris, mais une souris charmante. On ne peut pas en dire autant de nombre de films à grand spectacle.

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