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1917 (2019) Sam Mendes

1917 (2019) Sam Mendes

Pubblicato 9 apr 2022 Aggiornato 9 apr 2022 Cultura
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1917 (2019) Sam Mendes

À cœur vaillant rien d’impossible

Étonnante carrière que celle de Sam Mendes, qui depuis vingt ans n’en était, avec 1917, qu’à son huitième long-métrage de cinéma. Auparavant, il avait fait ses gammes au théâtre, notamment à la célèbre Royal Shakespeare Company, où il croisa la fine fleur des actrices et des acteurs britanniques. Son premier film n’est autre qu’American beauty, qui le propulsa sur le devant de la scène du cinéma indépendant, puis, tous les trois ans environ, il nous gratifia de films aussi divers que Jarhead : La Fin de l'innocence, Les Noces rebelles ou bien Skyfall. Après avoir donc mis en scène deux volets des aventures de James Bond, c’est à un projet plus personnel qu’il a décidé de s’atteler. Son grand-père avait été combattant durant la Première Guerre Mondiale à l’âge de 17 ans, et plus de cinquante ans plus tard il a raconté son histoire à ses petits-enfants. Mendes, convaincu qu’une de ces anecdotes ferait l’étoffe d’un grand film, s’y attella durant deux années complètes.

Le début

Le 6 avril 1917, les caporaux Schoffield et Blake se reposent quand ils sont convoqués par le général Erinmore. Sur le chemin, ils discutent de la faim qui les tenaille et de leur prochaine permission, où ils verront leurs proches, ce qui est à la fois une bénédiction et une douleur puisqu’ils savent qu’ils devront repartir au combat. Erinmore s’adresse particulièrement à Blake, dont le frère fait partie d’un bataillon qu’il cherche à joindre, les moyens de communication ayant été détruits par l’armée allemande. Le général souhaite faire passer un message au colonel en charge de la prochaine offensive, qui s’avère être un piège dans lequel 1 600 soldats risquent de perdre la vie. Il charge donc les deux jeunes gens de traverser les tranchées ainsi que les champs de bataille, leur assurant que l’ennemi s’est replié. Schoffield ne semble pas vraiment convaincu par l’argument, tandis que Blake est fermement décidé à aller sauver son frère.

L’intrigue principale, et unique, est annoncée dès les premières scènes de 1917 : les deux personnages ont un seul but, qu’ils vont s’acharner à atteindre coûte que coûte. Cette simplicité narrative peut rebuter au début, on se demande ce que Sam Mendes va bien pouvoir nous raconter durant deux heures. Et pourtant le film se déroule à une vitesse assez prodigieuse, et le spectateur ne voit absolument pas le temps passer. La traversée de nos deux valeureux héros est émaillée de plusieurs incidents, tous plus haletants les uns que les autres, et le réalisateur parvient à distiller un suspense palpitant tout au long de son long-métrage. On se surprend à sursauter régulièrement lors des péripéties dont sont victimes les protagonistes, et malgré la simplicité, voire l’épure du récit, la mise en scène parvient à insuffler une certaine complexité, nous mettant en avant combien certains gestes apparemment anodins peuvent s’avérer autrement plus ardus. 

La maîtrise dont fait preuve Sam Mendes dans la réalisation de 1917 est tout à fait remarquable. Nous ne quittons pas des yeux Schoffield et Blake durant leur quête annoncée comme impossible, la caméra étant en permanence embarquée avec eux. Le spectateur peut même à certains moments ressentir un certain vertige tant leurs mouvements sont parfois soudains, révélant des détails dans le paysage qui mettent en valeur les dangers auxquels sont confrontés nos deux héros. La réalité du combat nous est alors révélée, avec ses détails non seulement au niveau de l’artifice guerrier en lui-même (les grenades qui menacent d’exploser à tout moment, la possibilité permanente de tomber sur ennemi retranché) que sur ses à-côtés non moins agréables (la nécessité de ramper dans la boue, la présence de rats, les charniers). De la mise en scène se dégage un caractère organique où le sang se mélange à la pluie, tandis que l’on pourrait quasiment sentir les éléments nous effleurer.

L’épure formelle et la qualité stylistique de 1917 sont épaulés par une interprétation, et une direction d’acteurs, assez impressionnante. La relève du cinéma britannique est ici bien présente en la personne de Dean-Charles Chapman, que l’on a pu voir dans Game of Thrones, et surtout de George MacKay, notamment aperçu dans Pride. Celui-ci porte le film de bout en bout, apportant à son personnage du caractère et une consistance, donnant de la chair et de l’humanité au conflit. Sam Mendes n’oublie pas non plus de se faire épauler par des techniciens de renom. Ainsi Roger Deakins, avec ses quatorze nominations, et son seul Oscar jusqu’alors obtenu (il en décrochera un autre pour ce film), offre un travail assez monumental sur la lumière, jouant des effets numériques à la perfection. Quant à Thomas Newman, il livre une partition élégante et discrète, apportant de l’ampleur au récit. Ainsi Sam Mendes réalise ici une œuvre élégante, passionnante et surprenante.

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