Le procès (1962) Orson Welles
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Le procès (1962) Orson Welles
Absurde, vous avez dit absurde ? Comme c'est absurde...
Avec le recul, qui d’autre qu'Orson Welles aurait bien pu adapter Le procès ? Quel autre réalisateur aurait eu ce mélange de maîtrise et de folie pour mettre en images l’univers oppressant de Franz Kafka ? Bien peu sans doute. D’autant qu’en 1962, Welles est dans une situation délicate : son talent n’est pas reconnu par le public américain, les studios ne lui font plus confiance et il s’embourbe dans le tournage d’un Don Quichotte qui restera inachevé. Paranoïa, sentiment d’injustice, rébellion : sa vie privée semble alimenter le processus créatif.
Ce qui est drôle c’est qu'Orson Welles aborde avec circonspection le tournage du Procès : il n’adhère pas forcément à l’ensemble du propos de Franz Kafka et n’apprécie pas tellement cet antihéros qu’est Joseph K. Pourtant, il est d’une fidélité consciencieuse à la narration du roman, même s’il adapte quelques détails (le sublime prologue réalisé par Alexandre Alexeïeff par exemple, judicieusement avancé par rapport au roman). Il apporte aussi un traitement moderne et glisse quelques autoréférences amusantes, notamment à Citizen Kane ou à La dame de Shangaï.
On est à la fois frappés par la froide construction des décors du Procès (le contexte de la guerre froide est tout proche) et leur surréalité oppressante qui confère une dimension cauchemardesque au film. Anthony Perkins colle parfaitement à un personnage principal complexe, à la fois pétri de culpabilité et épris de liberté. De la profusion de second rôles se détachent Orson Welles dans un rôle démesuré taillé … sur mesure et Romy Schneider en séductrice ambiguë.
Le trop plein de personnages et d’intrigues renforce le côté baroque du Procès mais peut exaspérer plus d'un spectateur/acteur, que la mise en scène au cordeau d'Orson Welles met à contribution tout au long du film. On sort de la projection knockout tant les aventures du personnage principal, K., trouvent des échos en nos propres expériences, en nos propres vies ; mais n’est-ce pas un des intérêts des plus grands films que de faire réfléchir sur le sens de notre existence ?