Videodrome (1982) David Cronenberg
Su Panodyssey puoi leggere fino a 10 pubblicazioni al mese senza effettuare il login. Divertiti 9 articles da scoprire questo mese.
Per avere accesso illimitato ai contenuti, accedi o crea un account cliccando qui sotto: è gratis!
Accedi
Videodrome (1982) David Cronenberg
Vous regardez trop la télévision
Tel est le message que semble vouloir nous transmettre David Cronenberg avec ce long métrage. Le cinéaste, jusque là catalogué « virtuose de la série Z » va grâce à Videodrome accéder au rang d’auteur et de réalisateur culte. Il fabrique depuis ses débuts une filmographie étrange et fascinante obsédée par les mutilations corporelles et autre malformations (Chromosome 3, Scanners, La mouche) ainsi que par la dualité ou les fantasmes sexuels divers (Faux semblants, M. Butterfly, Crash). Videodrome combine ses thèmes avec les dérives technologiques modernes, tout comme dans eXistenZ plus de dix ans plus tard. Son acteur principal, James Woods, vit alors une période fructueuse de sa carrière, puisque l'an d'après il sera à l'affiche d' Il était une fois en Amérique. Quant à Sonja Smits, on la connaît plus pour ses diverses apparitions télévisuelles.
Max Renn, un directeur de chaîne peu scrupuleux, fait son beurre sur les pulsions les plus basses des téléspectateurs : plus c’est trash, plus il aime. Même ses rendez-vous lui sont rappelés par sa secretaire par le biais de vidéocassettes. Lors d'un entretien télévisuel, il est amené à prendre position concernant l'effet potentiel de la pornographie, et il fait la connaissance de l'animatrice d'une émission de radio, Nicki Brand. Il la drague devant la caméra tandis qu'un intellectuel, Brian O'Blivion, tente de s'imposer dans la conversation. Un soir, Nicki découvre une cassette viéo pirate dans laquelle des personnes sont torturée, voire assassinées. Max est convaincu qu'il s'agit d'une fiction, tandis que Nicki se trouve excitée par ce dispositif. Ce qui s’apparenterait apparemment à un « snuff movie », va alors obnubiler Max et Nicki, qui vont enquêter pour en connaître les tenants et les aboutissants.
Ce qui frappe tout d’abord dans Videodrome c’est l’absence d’objectivité : on est conditionné par le point de vue du narrateur pendant tout le film. On voit ce que ressent Max Renn, on suit pas à pas toute sa transformation psychique et physique. Une imagerie gore renforce le malaise du spectateur, toujours au bord de l’écœurement mais pourtant attiré inexorablement par les images. On peut d’ailleurs noter l’excellent travail de Rick baker sur les effets spéciaux, qui participent de cette étrangeté. Dans la grande tradistion de ses œuvres précédentes et à venir, David Cronenberg met ici en avant le corps et le fait intéragir de façon toute spectaculaire avec la technologie. Si l'imagerie peut sembler datée, l'aspect gore que dégagent de nombreuses séquences frappe encore et secoue le spectateur non avisé.
Cependant le film ne se contente pas de son esthétisme fantastique, il y adjoint une réflexion plus qu’intéressante. David Cronenberg s’interroge avec Videodrome, en cette période de développement du support VHS, sur notre relation à l’image. Ou plutôt à l’écran devrait-on dire. Quelle est cette fascination qu’exerce cette petite lucarne sur ses spectateurs ? Y a-t-il un danger à en abuser, des dérives à éviter ? Quid de cette frontière, cet écran derrière lequel les acteurs jouent un rôle, ou pas, et devant lequel les spectateurs sont plus ou moins passifs. Et que dire de ces réalisateurs, ces producteurs, qui attisent leur audience et poussent toujours plus loin leur imagination. Inutile de dire que, quasiment quarante ans plus tard, on est bluffé par la modernité du propos, qu'il prolongera d'ailleurs avec eXistenZ.
On peut ainsi constater, non sans un certaine tristesse, que, si l'image et la musique, composée par Howard Shore, sont très marquées « années 1980 », les thèmes sont aujourd'hui toujours d’actualité. Ainsi l'irruption de plus en plus prégnantes des thématiques autour du virtuel prouvent d'autant plus que David Cronenberg était véritablement un visionnaire de l’intéractivité et de la télé réalité. Allié d’un James Woods habité par son personnage et de la toujours aussi attirante Debbie Harry (la chanteuse de Blondie : on se souvient de Call me), il nous emmène dans un voyage riche d’interprétations qu’on est pas près d’oublier. Si l'on ne cherche pas forcément à comprendre ou à rationnaliser l'ensemble du long-métrage, on peut facilement ce laisser entraîner dans cet univers fantasmé, à la fois attirant et repoussant.