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Règlements de comptes à O.K. Corral (1957) John Sturges

Règlements de comptes à O.K. Corral (1957) John Sturges

Pubblicato 12 mar 2021 Aggiornato 12 mar 2021 Cultura
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Règlements de comptes à O.K. Corral (1957) John Sturges

Les héros sont fatigués

Le personnage de Wyatt Earp, au centre de ce Règlements de comptes à O.K. Corral, a souvent inspiré les réalisateurs, de John Ford (et sa Poursuite infernale) à Lawrence Kasdan avec Wyatt Earp. Il faut dire que c’est une figure mythique de l’Ouest américain, personnage pas si héroïque que ça d’après les biographes. Tout commence à Tombstone, petite bourgade du désert qui prospère grâce à un filon d’or et s’est développé à travers divers commerces plus ou moins illicites et autres maisons de jeux. Les frères Earp y acquièrent peu à peu une influence certaine dans tous ces domaines et sont bientôt opposés dans un affrontement sans merci à quatre autres frères, les Clanton, qu’ils vont abattre plus ou moins froidement.

Ne cherchez pas la reconstitution historique dans Règlements de comptes à O.K. Corral : Wyatt Earp y est un modèle de vertu, tout comme ses frères, et l’affrontement final qui semble-t-il ne dura que quelques instants y est superbement mis en valeur. Cependant il offre une vision moins idéalisée du Far-West que la version de John Ford. Nous sommes à la fin des années 1950 et la mode, dans les westerns hollywoodiens, est plutôt à la remise en cause des valeurs qui fondèrent l’Amérique. John Sturges, qui est loin d’être un manchot dans le genre, nous dépeint ici des personnages assez tourmentés et, disons le, qui accusent un peu le coup.

On a dans Règlements de comptes à O.K. Corral une confrontation entre deux individus : Wyatt Earp, Burt Lancaster droit dans bottes, est un shérif honnête et droit. Il est la vertu incarnée, ne boit pas, ne fume pas et ne tolère pas qu’une femme s’avise de jouer au poker. Doc Holiday quant à lui, un Kirk Douglas bourru et cynique, ne vit que pour et par le jeu. Il passe sa vie à boire, à fumer et à maltraiter sa pauvre fiancée (l’excellente Jo Van Fleet). C’est tout l’intérêt du film que de nous dépeindre l’amitié qui va peu à peu se construire entre ces deux hommes que tout oppose.

Malgré les conseils de leurs entourages, ils vont persister avec une fidélité étonnante à continuer leur petit bonhomme de chemin pour le meilleur et pour le pire. On verra même petit à petit les caractères de l’un dépeindre sur l’autre, comme deux aimants qui s’attirent et se rejettent à la fois. Règlements de comptes à O.K. Corral est d’ailleurs construit sur cette ambivalence constante entre les deux amis, mais aussi entre Wyatt Earp et la belle Laura (Rhonda Fleming qui aurait pu bénéficier d’un traitement plus approfondi). La mise en scène de John Sturges est classique dans, un petit peu trop peut-être d’ailleurs.

C’est surtout les magnifiques décors naturels qui impressionnent, et on est aussi séduit par la musique lancinante de la chanson interprétée par Frankie Laine. Une chanson, qui, un peu comme dans Keoma, nous annonce à l’avance la tragédie inéluctable des personnages du film au fur et à mesure qu’ils passent devant le cimetière de Boot Hill. La mort est d’ailleurs omniprésente tout au long de Règlements de comptes à O.K. Corral : comme une fatalité les héros doivent y passer, même s’ils ne souhaitent en fait plus qu’une chose, retrouver le calme et le repos d’un foyer, ce qui on le sait bien est contraire aux codes habituels du western et donc leur est de fait inaccessible.

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