Les Trois Mousquetaires : D'Artagnan (2023) Martin Bourboulon
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Les Trois Mousquetaires : D'Artagnan (2023) Martin Bourboulon
Tous pour un, un pour tous
Certains films, dits « de producteurs », ont pour origine l’envie d’un financeur de s’engager dans un projet, et Les Trois Mousquetaires : D'Artagnan en fait partie. Enfin, devrait-on dire D’artagnan et Milady puisque le second volet de ce diptyque devrait sortir fin 2023. Il se murmure même que Dimitri Rassam, puisque c’est de lui dont il s’agit, pourrait réunir une équipe autour de la réalisation d’autres romans d’Alexandre Dumas, tel Le comte de Monte-Cristo, Vingt ans après ou Le vicomte de Bragelonne. Il faut dire que l’auteur né à à Villers-Cotterêts a depuis longtemps inspiré les cinéastes, à commencer par Georges Méliès. Citons parmi tant d’autres Le masque de fer, de Henri Decoin, avec Jean Marais, mais aussi Les trois mousquetaires de Richard Lester ou L’homme au masque de fer, avec Leonardo DiCaprio. Sans oublier les parodies telles que L'Étroit Mousquetaire de Max Linder ou des adaptations télévisuelles telle une série d’animation à laquelle Gérard Hernandez et Roger Carel prêtèrent leurs voix.
Le début
En 1624, le jeune D’Artagnan parcourt la France à cheval pour rejoindre Paris de sa Gascogne natale. Il croise une femme en péril, qui s’est réfugiée dans sa calèche tandis que des brigands l’attaquent. Le jeune homme s’empresse de lui prêter main forte, et parvient presque à la sauver. Mais il tombe sous les coups d’un assaillant, et a à peine le temps de voir une ombre dérober une lettre à cachet et la jeter au feu. À Paris, le roi Louis XIII prépare le mariage de son frère, Gaston de France, avec la duchesse de Montpensier. Mais le duc d'Orléans n’a que faire de ces festivités, et préférerait que son aîné établisse des plans de bataille pour contrer les rebelles protestants. Ceux-ci, établis en grande partie à La Rochelle, menacent pour certains le pouvoir du roi. De son côté, D’Artagnan parvient à rencontrer monsieur de Tréville, le capitaine des mousquetaires du roi, qui lui promet une place parmi ses cadets. En quittant le Louvre, il provoque trois hommes en duel, qu’il va devoir affronter dans les heures qui viennent.
Analyse
La fraîcheur et la volonté de raviver les épopées que furent les films de cape et d’épée dans le cinéma français transparaissent dans Les trois mousquetaires : D’Artagnan. On retrouve ici la flamboyance qui ont fait les belles heures de nombreuses productions cinématographiques, loin d’être infamantes, et c’est avec un plaisir non dissimulé que l’on se replonge dans cette histoire profondément ancrée dans nos souvenirs de jeunesse. L’histoire du roman est d’ailleurs globalement respecté, et mises à part certaines incohérences historiques, dont certaines étaient du reste présentes dans le feuilleton originel, la rigueur est de mise en ce qui concerne le récit de ces aventures rocambolesques. On retrouve donc les héros de notre enfance que sont D’Artagnan, Athos, Porthos et Aramis, et l’on prend toujours du plaisir à les voir affronter la perfide Milady et à observer les amours naissantes du cadet de Gascogne avec la charmante Constance Bonacieux.
Ainsi Les trois mousquetaires : D’Artagnan est-il un long-métrage tout à fait adapté à une sortie familiale, d’autant plus qu’il fera découvrir l’œuvre d’Alexandre Dumas aux plus jeunes. Cinématographiquement parlant, le film ne brille pas par sa mise en scène, même si sa qualité n’a pas à rougir face aux comédies grand public qui abreuvent les salles de cinéma. Reste que la réalisation de Martin Bourboulon ne fait pas de grands éclats, usant par trop des mouvements de caméra, à l’épaule ou aérien. Le plus intéressant réside dans les dialogues rythmés et les touches d’humour que se sont permis les scénaristes aguerris que sont Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte. Ils parviennent habilement à agencer les intrigues à tiroir qui émaillent le récit, et les deux heures du film ne laissent passer aucune longueur. Film d’époque oblige, on apprécie les costumes concoctés par Thierry Delettre et les décors souvent naturels qui participent au faste et au pittoresque.
Pour incarner les personnages des Trois mousquetaires : D’Artagnan, une troupe d’interprètes de haut vol se donnent la réplique. Pour François Civil, c’est en quelque sorte une consécration, et il parvient à rendre à D’Artagnan sa malice et son esprit espiègle. Si Romain Duris et Pio Marmaï confirment qu’ils sont capables de donner corps à leurs alter ego de fiction, Vincent Cassel surprend agréablement, ne cherchant pas à être dans la surenchère et incarnant Athos avec subtilité. On imagine combien cela a dû être jubilatoire pour Eva Green de camper Milady, et elle parvient parfaitement à faire passer le côté à la fois séducteur et maléfique de cette mythique anti-héroïne. Élément appréciable, les femmes sont d’ailleurs joliment mises en avant, et si elles sont moins présentes à l’écran que leurs comparses masculins, elles jouent un rôle primordial dans l’avancée de l’action, et ne sont pas des faire-valoir. Au final, un succès du film au box-office ne serait donc pas injustifié.