Une longue journée qui s'achève (1991) Terence Davies
Su Panodyssey puoi leggere fino a 10 pubblicazioni al mese senza effettuare il login. Divertiti 9 articles da scoprire questo mese.
Per avere accesso illimitato ai contenuti, accedi o crea un account cliccando qui sotto: è gratis!
Accedi
Une longue journée qui s'achève (1991) Terence Davies
L'ennui sublimé d'un garçon sensible
Deuxième film de son réalisateur, Une longue journée qui s'achève, plus connu par son titre original The long day closes, fut présenté en compétition officielle au Festival de Cannes. Pour la petite histoire, c'est cette année que la Palme d'or sera remise aux Meilleures intentions, qui raconte la vie des parents d'Ingmar Bergman, et le prix de la mise en scène sera attribué à Robert Altman pour The player. Ici Terence Davies s'attache à raconter de manière fictionnelle son enfance, ou tout du moins l'enfance d'un garçon à Liverpool. Repéré trois ans plus tôt avec Distant voices, il saura tout au long de sa carrière tracer un chemin atypique, loin des considérations financières qui dirigent l’industrie cinématographique. Considéré par nombre de cinéphiles comme un des grands de la mise en scène, il demeure toutefois dans l'ombre de ses comparses.
Le début
Sa mère fait la lessive mais Bud n'a qu'une seule envie en cet après-midi de vacances, celle d'aller au cinéma. Il tente de la convaincre de lui donner de l'argent pour y aller mais celle-ci lui demande d'aller chercher les rideaux de la chambre pour qu'elle puisse les pendre. Elle finit tout de même par céder, et après la séance, sous la pluie battante, Bud tente de se faire ramener en voiture par quelqu'un. Il va à l'école le lendemain et ses camarades de classe se moquent de lui, le surnommant « la tante » : il est solitaire et pas aussi viril qu'eux. Le soir en rentrant, il se poste à la fenêtre de sa chambre où il peut voir des hommes torses nus travaillant sur un chantier. Il fixe particulièrement l'un d'entre eux, qui s'en rend compte, se tourne vers lui et lui fait un clin d’œil. Intimidé, Bud détourne soudainement son regard.
Analyse
Il ne se passe quasiment rien dans Une longue journée qui s'achève. Le film raconte le quotidien d'une famille de milieu modeste, voire très modeste, dans le Liverpool des années 1950. Il prend le point de vue d'un garçon d'une dizaine d'années, que l'on peut assurément assimiler à l'enfant que fut Terence Davies, qui passe la plupart de son temps à s'ennuyer, et à regarder les grandes personnes vivre. C'est principalement la figure de sa mère qui accapare l'essentiel de son attention, une mère au foyer typique de ces années là, tandis qu'autour gravitent un groupe de jeunes gens, les frères du garçon et leurs amis. Ils ne ménagent d'ailleurs pas le personnage principal, qui se sent « différent », puisqu'attiré par les garçons, et c'est là un aspect de film fort intéressant, et relativement discrètement amené dans la narration.
Les longues journées se suivent et se ressemblent dans cette Angleterre passablement conventionnelle, où la révolution des mœurs n'est pas encore survenue, et il faut bien dire que l'action n'est pas vraiment trépidante. Comment retranscrire les après-midis pluvieuses d'une Angleterre engoncée dans la tradition, où une femme au foyer n'a d'autre fonction que de s'occuper de sa maison, voilà l'objet d'une œuvre radicale. C'est une époque où les Beatles n'étaient pas encore là, et où le Swinging London n'avait pas été inventé. Ce qui fait donc l'intérêt d'Une longue journée qui s'achève c'est finalement la mise en scène de Terence Davies, maîtrisée comme toujours. Le réalisateur britannique fait ici preuve d'un brio tout à fait exceptionnel, où le moindre plan est d'une rare richesse et où les cinéphiles en prennent plein leurs yeux.
Ainsi les apprentis cinéastes devraient-ils regarder attentivement Une longue journée qui s'achève, ne serait-ce que pour ces nombreux fondus enchaînés, parfaitement intégrés, ou pour ces plans fixes dans lesquels l'on peut observer une multitude de détails. Mais c'est aussi là où se pose la limite du film, qui en devient un pur objet de cinéphilie, très difficilement accessible à un autre public. Il souffre de nombreuses longueurs, malgré sa courte durée, et pourtant la qualité artistique demeure intacte du début à la fin. Le casting est quant à lui quasiment entièrement composé d'acteurs et d'actrices britannique, qui n'ont plus ou moins eu de carrière que dans leur pays natal. Celui qui interprète le personnage principal du film, le jeune Leigh McCormack, n'a d'ailleurs visiblement pas donné suite à sa carrière d'acteur par la suite.