Le parrain (1972) Francis Ford Coppola
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Le parrain (1972) Francis Ford Coppola
Ainsi vécu Don Vito Corleone
C’est un projet énorme que cette adaptation du best seller de Mario Puzo à laquelle s’attelle la Paramount dès 1970. Les levers de boucliers de nombreuses associations compliquent le montage du film qui échoit finalement à un réalisateur relativement peu expérimenté, Francis Ford Coppola. S’il a déjà dix ans d’expérience derrière lui, les films relativement intimistes qu’il a développé jusqu’alors ne laissaient pas présager qu’il puisse assumer un projet d’une envergure telle que ce Parrain. Après une période d’hésitation, il se lance à fond dans l’aventure, remodelant le scénario avec l’aide de son auteur, imposant un tournage en Sicile et des acteurs de la trempe de Marlon Brando, qui n’était pas vraiment en odeur de sainteté parmi les studios, et Al Pacino, alors pratiquement inconnu au cinéma. Le succès, autant public que critique, dépassera toutes les attentes.
Le début
Durant l’été 1945, Don Vito Corleone marie sa fille Constanzia, que tout le monde appelle « Connie » en grandes pompes, dans sa villa de Long Island. Tous ses proches sont là, y compris les « neveux » pour qui il accomplit diverses tâches plus ou moins licites en contrepartie d’une fidélité qu’il exige sans faille. Il est assisté par ses fils Santino, surnommé « Sonny » et Frederico, « Fredo » pour les intimes, ainsi que de son fils adoptif, Tom Hagen, le « consigliere » de la famille. Son fils cadet, Michael, est quant à lui plus circonspect par rapport aux activités familiales ; accompagné de sa fiancée Kate Adams, il préfère ne pas se mêler à ces affaires. Vito rencontre un homme qui travaille pour les pompes funèbres, et qui lui demande de venger la mort de sa fille, puis un chanteur qui n’a plus la cote et souhaite se reconvertir dans l’industrie cinématographique.
Analyse
Du roman initial, touffu, Francis Ford Coppola veut se concentrer sur une histoire de famille, celle des Corleone, pour en faire le symbole d’un capitalisme triomphant à l’américaine, dans un milieu aussi particulier que celui des siciliens. Les éléments se construisent ainsi petit à petit jusqu’au coup d’accélérateur que constitue l’intrusion du trafic de drogue dans le business, un « commerce » jusqu’alors trusté par les autres familles mafieuses. Parce que Le parrain c’est aussi l’opposition entre deux générations. La tradition incarnée par un bluffant Marlon Brando, toujours à la limite de la caricature mais avec une attitude et un charisme tels qu’ils forcent le respect, et la jeune génération, personnifiée par James Caan, qui avait postulé pour le rôle de Michael avant d’hériter de celui de Sonny, et qui retrouve pour l’occasion le réalisateur des Gens de la pluie.
Le premier force le respect par les liens qu’il tisse autour de lui, n’hésitant pas à utiliser la force mais refusant de s’adonner à des activités qu’il a toujours jugées malsaines. Le second veut tout régler par la force et s’imposer sur un marché porteur, quelles qu’en soient les conséquences, de peur de perdre de l’influence dans un milieu impitoyable. Au milieu de tout ça gravite le plus jeune des frères, Michael, qui ne souhaite pas s’impliquer dans des affaires peu légales. S’il se décide finalement à aider la famille, c’est quand son père est directement menacé, ce qu’il apprend dans le journal alors qu’il menait une vie paisible auprès de son épouse, la charmante Kay, incarnée par l’excellente Diane Keaton. Michael, c’est bien entendu Al Pacino, qui s’impose dans Le parrain avec une classe et une présence exemplaire, volant presque la vedette à Marlon Brando.
Construisant Le parrain d’une manière brillante, tout en crescendo, Francis Ford Coppola se montre aussi bien à l’aise dans les scènes intimistes comme celle dans le potager entre Vito et son petit-fils que dans ce magnifique final qui fait alterner les images du baptême, où on notera pour la petite histoire que c’est Sophia Coppola qui joue le bébé, ou bien celle de ce règlement de compte particulièrement violent annonçant l’avènement de Michael. La fin du film résume alors parfaitement la dichotomie incessante qui concerne, à un moment où à un autre, chacun des protagonistes, déchirés entre ce besoin de pureté et cette réalité qui les oblige à employer la violence pour s’imposer. Ainsi la mafia et son argent n’ont-ils pas fini de nous attirer, comme le rappelle la citation attribuée par Puzo à Honoré de Balzac, vraisemblablement tirée d’une phrase du Père Goriot qu’il a modifiée : « Derrière chaque grande fortune il y a un crime ».