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Petits papiers volants : journal d'écriture 2003-2018
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Petits papiers volants : journal d'écriture 2003-2018
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Mars à Juin 2003
Mardi 11 mars 2003
Indéfiniment, repasser le fil autour du chas de l'aiguille, ce tout en sachant que chaque introduction ne cessera jamais d'être différente.
***
De l'hésitation à la certitude. Tout ce passage qui mène de l'un à l'autre. Cela seul est essentiel.
Mardi 22 avril 2003
Jeter quelques pétales ici ou là comme pour apprivoiser la feuille sauvage.
***
Le frémissement comme soutien à la peau qui plie.
***
Sonder... Sondeur... plus rien que l'écarquillement... D'un écart l'autre.
***
Il y a des silences si ténus que seul un murmure suffirait à les briser.
***
A fleur de peau, le baiser la caresse.
Comme une étendue nue qu'on ne finirait jamais de remplir.
***
Le son fébrile s'est soudainement assoupi. Elle feule maintenant.
***
Toujours ces éclats... Comme des parcelles ou des instantanés. Comme s'il s'agissait par ces fragments de parvenir à capter non un instant, un moment, mais ce qui tient à la rupture, à la faille qui se projette et se brise : l'écart.
***
Toujours en marge... Dans les marges... Je scrute désormais ce qui tient lieu pour moi de hors-champ.
***
La tentation de la brisure.
***
La palpitation douce de la trame permet de mieux s'affranchir du jour aveuglant qui l'encercle.
***
Bien sûr, on ne revient jamais en arrière. Mais, en se retournant, dans ce demi-cercle, on peut parvenir à sentir un espace familier semblable en soi à ce que révèle le détour.
Pourtant, cet espace est déjà un autre, de là le trouble incessant charrié par l'existence.
***
Le pourtour translucide de la peau... Cet espace infini est toujours à conquérir.
***
Se ménager des espaces entre les lignes comme pour s'autoriser la possibilité, peut-être plus tard, de remplir d'autres signes ce vide ahurissant.
***
La peau... La peur... La jouissance... Comment comblerait-on - ou mieux, relierait-on chaque passerelle à son signe particulier? Combler ou relier (séparation ou rupture)... cela reste indéterminable.
Jeudi 24 avril 2003
Décomplexer les images et les mots qui viennent après elles.
***
L'écart obligé entre le mot et la langue.
***
Cette feuille légère... où il suffirait de peu pour qu'elle s'entrouvre davantage.
***
Revivifier l'instant présent.
***
Consolider et maintenir fermement ensuite ce qui était alors disjoint et démantibulé.
***
Taches d'encre inscrites profondément dans la trame de la feuille qui m'émeuvent à n'en plus finir. Car je sais alors que ce qu'elles dissimulent est toujours à tracer.
***
Et la voix qui résonne alors dans le creux de l'oreille est le souffle régénérateur d'où l'on tire sa source intime qui, toujours, nous aide à vivre... encore un peu jusqu'au prochain souffle et la caresse suivante.
***
Laisser-là l'ellipse... elle saura toujours creuser l'espace avec assez d'intensité afin de lui permettre de mieux respirer.
***
Le bruissement sourd d'où surgirait le ressac.
***
L'éclat et le morcèlement du cœur des mots replacent enfin l'écriture à sa hauteur naturelle. Ni peu ni trop élevée... Alors l'équilibre peu être maintenu.
***
Ne pas s'enivrer de l'essence que laissent les mots sur la page.
Jeudi 12 juin 2003
Une petite trace à laisser
Pour que ce soit toujours léger.
Avec quand même de la profondeur
Une trame en lequel s'écoulerait
Le long filet glacé
Par ta langue humectée.
***
Retranscrire dorénavant
Ce qui s'agite et se remue en soi
Ni plus ni moins.
***
Laisser reposer
Pour mieux surprendre
A son sommet
L'agilité de sa langue.
***
Se replier
Se plier
Se recroqueviller
Enfin s'étirer
Et s'étendre.
Ainsi te surprendre.
***
On sent que le voyage
Avec les mots reprend.
C'est la forme d'écriture
La plus subtile
Et la plus acérée.
Ici, se nomme le désir.
***
S'enfuir mais pas entièrement
Laisser alors au temps d'ici
Et maintenant
La possibilité de s'accomplir.
***
Rejoindre le mouvement
Que l'on a contribué à créer.
Et avec eux
S'étaler et s'éclater
Avec toute la joie nécessaire
Pour le cri et la tempérance.
Le souffle et le murmure.
Nos silences...
***
Juste ce point
Au sommet indélébile
De ton corps qui s'épanouit.
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