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Z (1969) Costa-Gavras

Z (1969) Costa-Gavras

Pubblicato 20 dic 2020 Aggiornato 20 dic 2020 Cultura
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Z (1969) Costa-Gavras

Elefthería í thánatos

Dans la filmographie de Costa-Gavras, Z a une position toute particulière, en plus du fait que ce film lui a valu le Prix du Jury et le Prix d'interprétation masculine (pour Jean-Louis Trintignant) au Festival de Cannes, ainsi que l'Oscar du meilleur film étranger. C'est le premier film d'une trilogie politique qu'il poursuivra avec L'aveu, qui traite des procès staliniens, et État de siège, qui évoque les faits et gestes des États-Unis et de la CIA en Amérique du Sud. Mais ce premier film de la trilogie est centré sur un pays méditerranéen que l'on n'aura aucun mal à identifier. Il faut dire qu'un an avant la sortie de Z, donc en 1968, Costa-Gavras a eu la nationalité française, fait symbolique mais qui résume bien la trajectoire de cet homme qui quitta la Grèce à 19 ans pour étudier en France car son père avait des idées anti-royalistes. La production de Z sera d'ailleurs émaillée d'embûches, le tournage se déroulant à Alger pour sa similitude architecturale avec Athènes.

Un carton prévient le spectateur : « Toute ressemblance avec des événements réels, des personnes mortes ou vivantes n'est pas le fait du hasard. Elle est volontaire ». Des officiels du gouvernements se retrouvent dans une salle pour écouter un discours du Général où l'ordre et la morale prévalent. Il faut à tout prix contenir les émeutes et les rébellions, en particulier émanant de la jeunesse hippie. Le directeur de la Police apprend alors au Général que les danseuses du ballet du Bolchoï vont se produire ce soir dans la ville. En parallèle, un homme se voit contraint d'annuler la réservation de la salle où doit s'exprimer un député de l'opposition, pacifiste et antimilitariste. Il essaye de louer d'autres lieux mais chaque propriétaire lui dit que les gens de la mairie refusent de prendre des risque pour cause de sécurité. Or tous ces endroits rassemblent régulièrement des foules. Un de ses collaborateurs lui fait alors état d'une rumeur selon laquelle le député serait menacé de mort.

La première partie de Z est déstabilisante. On ne sait pas où on est, de nombreux protagonistes interviennent et l'action est confuse. L'ambiance est électrique et rend très bien compte de l'état de confusion dans lequel sont plongés les personnages, et donc le pays. À la moitié du film, un drame se joue et la mécanique du polar se met en place. Petit à petit, les fils se dénouent tandis que l'enquête progresse et que l'on commence à comprendre les tenants et les aboutissants de cet implacable machination. La mise en scène de Costa Gavras, sèche et tranchante, ne laisse rien échapper et la dernière demi-heure du film tient le spectateur en haleine, jusqu'aux dernières images, qui nous glacent le sang. La force du témoignage est impressionnante, et l'on peut sans aucun doute affirmer que Costa-Gravras fait ici preuve d'un talent sans faille pour dénoncer un régime, celui des Colonels qui a pris le pouvoir en Grèce deux ans auparavant.

Car ne nous voilons pas la face : si le pays n'est jamais nommé, il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que Costa-Gavras parle ici de la Grèce. D'ailleurs il ne s'en cache pas beaucoup, de l'avion à l'aéroport qui est affrété par Olympic Airlines, la compagnie nationale d'alors, aux nombreuses scènes où l'on voit des bières Fix ou Alpha, jusqu'au titre du film, qui fait référence à la lettre de grec ancien, signe de ralliement des défenseurs de Grigóris Lambrákis. Car Z est adapté du roman de Vassilis Vassilikos, lui-même prenant pour sujet principal l'assassinat de cet homme politique grec.  Lambrákis, initialement médecin et universitaire, avait fait campagne pour la paix et est mort en 1963 des suites d'une blessure à la tête. Les auteurs de l'agression étaient des militants d'extrême droite, et leur acte était commandité par les autorités de l'époque. Nombreux sont ceux qui décrivent ce fait divers comme l'annonciateur du coup d'état qui, quatre ans plus tard, instaurera ce qu'on appellera la « Dictature des Colonels ».

Au-delà de son importance historique, Z est un grand film d'enquête, à l'ambiance poisseuse et à la direction d'acteurs impeccable. Les fondus sur les flash-backs sont amenés de façon impeccable, éclairant tout d'un coup les éléments qui nous apparaissaient jusque là nébuleux et apportant une touche d'émotion là o on ne l'attendait pas. La prestation d'Irène Papas est à ce titre bouleversante, humanisant cet film principalement masculin. Et quels hommes, de Charles Denner à Julien Guiomar, en passant par Jacques Perrin, chacun des second rôle apporte magistralement sa pierre à l'édifice. Et que dire des deux monuments que sont Yves Montand et Jean-Louis Trintignant : le premier irradie la première partie de sa présence magnétique tandis que le second est tout simplement bluffant de ténacité et de rigueur dans ce rôle d'incorruptible courageux. Voilà en tout cas un film qui marque les esprits  et qui mérite sa réputation flatteuse.

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