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The singing club (2020) Peter Cattaneo

The singing club (2020) Peter Cattaneo

Pubblicato 9 dic 2020 Aggiornato 9 dic 2020 Cultura
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The singing club (2020) Peter Cattaneo

La femme d’un soldat ne pleure jamais

Le titre original de The singing club est Military wives : comme beaucoup d'autres films britanniques il conserve pour sa distribution française une consonance anglaise qui n'a pas grand chose à voir avecson nom initial. Peter Cattaneo, le réalisateur de The full monty, mais dont les deux films suivants n’ont pas eu grand écho en France, choisit pour y interpréter le rôle principal Kristin Scott Thomas, qui se fait rare sur les grands écrans. Le scénario qu’on lui propose d’adapter, écrit à quatre mains, raconte une histoire réelle, celle d’une chorale créée par des épouses de soldats britanniques au début des années 2010 et qui a depuis fait des émules à travers le Monde. Pour épauler celle qui aime à se penser plus française qu'anglaise, Peter Cattaneo fait appel à Sharon Horgan, scénariste et actrice qui a notamment officié sur la série Divorce. Présenté au Festival de Toronto en septembre 2019, le film n'aura pas eu de sortie en salles mais sera directement diffusé sur Canal + le 9 décembre, en raison de la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19.

Kate, l’épouse du colonel de la garnison de Flitcroft, dans le Yorkshire, demande à Lisa ce qu’elle a prévu pour divertir les épouses des soldats pendant qu’ils seront partis : ceux-ci doivent en effet être déployés dès le lendemain en Afghanistan, et ce durant six mois. Le soir même, chaque famille se prépare au départ toujours aussi douloureux, et le lendemain matin Kate et Lisa se retrouvent pour planifier les futures activités à la base. Elles choisissent d’en discuter avec les autres membres de la communauté lors d’un petit-déjeuner collectif. Plusieurs idées sont lancées, d’un club de bridge à une équipe de football, avant que l’idée d’une chorale émerge. S’essayant tout d’abord sans grand succès au tricot, elles décident finalement de créer ce groupe de chanteuses amateures Les premières séances sont un peu chaotiques, entre les voix discordantes des participantes et les oppositions entre Kate et Lisa, qui n’ont pas du tout les mêmes méthodes pour diriger les troupes.

On peut qualifier The singing club de feel good movie, bien que les thématiques qui lui sont associées ne sont pas aussi gaies qu’elles en ont l’air. Le propos du film, que Peter Cattaneo embrasse frontalement, est le quotidien de ces femmes qui n’ont a priori pas grand-chose en commun mais qui vont par la force des choses s’unir. Le dispositif est révélé par la confrontation entre les deux cheffes de cette chorale improvisée, dont les caractères opposés pimentent les rebondissements du scénario. Forcément les traits sont exagérés, entre l’épouse du colonel, rigide et inflexible, qui refoule ses sentiments, et la mère de famille débordée reproduisant malgré elle l’éducation lacunaire dont elle a été l’objet. L’humour fuse dans des dialogues percutants, et pourtant la réalité qui sous-tend l’action n’a rien de bien sympathique. Chacune de ces femmes s’attend du jour au lendemain à recevoir une mauvaise nouvelle, ce que nous rappelle les références aux ruptures chroniques de liaison avec les hommes partis au combat.

Ainsi à l’aspect comédie que The singing club adopte dans sa forme s’y ajoute une part non négligeable et assumée de mélo. Peter Cattaneo n’y va pas par quatre chemins, et l’on a droit à tous les poncifs du genre, auxquels on nous prépare dès les premières scènes. Mais il parvient on ne sait trop comment à rendre cet aspect guimauve acceptable : on se prend à éprouver de la compassion envers ces personnages grossièrement dépeint mais sincèrement incarnés. L’émotion affleure délicatement et si l’on se rend bien compte des grosses ficelles du scénario, qu’importe, cela fait partie du genre. L’honnêteté dont fait preuve Cattaneo pour renouveler le genre, sur un sujet pas si éloigné du concept qu’il avait développé dans The full monty, nous entraîne et si l’on se rend bien compte que le film n’a rien d’exceptionnel, le moment agréable qu’il nous fait passer efface les quelques réticences que l’on pourrait avoir au premier abord.

Bien entendu The singing club est porté par son actrice principale. Kristin Scott Thomas y est encore une fois impeccable, prouvant à quel point sa palette d’actrice est large. Le personnage qu’elle incarne est loin d’être facile et accumule un bon nombre de clichés : autoritaire, inflexible et peu amène, elle a intériorisé les règles qu’elle estime devoir incarner de par son statut d’épouse de militaire. L’actrice parvient à humaniser cette femme peu aimable, lui apportant toute la subtilité dont elle fait preuve avec naturel. Loin de paraître pâlotte à ses côtés, Sharon Horgan prend elle aussi son rôle bras le corps et leur duo occasionne des scènes savoureuses. On est rapidement emporté par le rythme d’une mise en scène qui n’offre pas beaucoup de surprise mais demeure efficace. Rythmé par des chansons britanniques iconiques, le film séduit par sa petite musique entraînante et sucrée. Modeste et sincère, il est le reflet de la qualité toujours vivace d’un certain type de cinéma populaire à l’anglaise.

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