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The master (2013) Paul Thomas Anderson

The master (2013) Paul Thomas Anderson

Pubblicato 26 lug 2023 Aggiornato 26 lug 2023 Cultura
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The master (2013) Paul Thomas Anderson

Qui de nous deux inspire l'autre ?

Que The master soit ou nous une charge frontale contre la scientologie n'a que très peu d'importance. Déjà parce que frontale elle ne l'est pas, les personnages décrits dans le film et la secte dépeinte n'ayant que quelques traits d'inspiration avec la réalité. D'autre part parce que l'on sent bien que ce qui intéresse Paul Thomas Anderson c'est de dépeindre les États-Unis d'Amérique, comme il le fait quasiment à chacun de ses films. Depuis le milieu des années 1990, PTA nous a fourni, à échéance plus ou moins régulière, ses clés d’interprétation d'une nation qui, on le sent, lui tient à cœur. Mais ce qui l'intéresse, c'est surtout de montrer ses failles, ses faiblesses, et comment elle s'est construite dans le temps. Ici le prisme sectaire lui permet d'enraciner son histoire au début des années 1950, au sortir de la Seconde guerre mondiale.

Le début

Quittant le Pacifique à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, Freddie est un ancien marine totalement désorienté. Accroc au sexe et à l'alcool, il trouve un boulot de photographe dans un grand magasin californien. Mais très vite il va avoir une altercation avec un client avec lequel il fuit la confrontation. Il se retrouve à cultiver des choux dans une ferme et se bagarre de nouveau avec un de ses collègues. Paumé, il se met à errer, soûl, au bord d'un fleuve, et se retrouve embarqué dans le yacht de Lancaster Dodd et de sa troupe, qui sont sur le chemin de New-York. Très vite, l'homme que l'on surnomme The master va prendre sous son aile le vétéran et va se faire un devoir de remettre le jeune homme sur le droit chemin. Freddie va s'avérer être une source d'inspiration pour le maître, qui grâce à lui termine son deuxième roman.

Analyse

Heureusement qu'il y a de la mise en scène dans The master, et quelle mise en scène, car c'est la seule chose sur laquelle on peut se raccrocher dans le film. Paul Thomas Anderson n'a pas volé sa réputation de génie de la réalisation, qu'il a construite de film en film et qu'il mérite amplement. De nombreux plans de son long-métrage sont d'une beauté saisissante et plusieurs scènes cultivent une tension dramatique rare. Seulement tout ça paraît quelque peu désincarné, rongé de l'intérieur par le caractère cérébral du projet, hautement mis en avant. Le film tient sur la confrontation de deux esprits qui prennent leur force l'un de l'autre, qui se complètent et se détruisent tour à tour. On sent l'espace mental que semble souhaiter mettre en image Paul Thomas Anderson, mais on ne parvient pas à le visualiser, à le voir s'incarner à l'écran.

Ainsi les enveloppes charnelles dans lesquelles semblent emprisonnées ces deux âmes tourmentées, qui accaparent la narration du film, manquent-elles paradoxalement de chair. Joaquin Phoenix et Philip Seymour Hoffman, deux acteurs au demeurant excellents, ont beau se débattre, leurs personnages nous paraissent insaisissables. C’est le principal problème de The master, qui empêche toute identification, et qui freine l’intérêt que l’on peut avoir pour le film. Il devient un bel objet, dont on ne peut nier les qualités artistiques, mais qui peut sérieusement laisser de côté le spectateur. On est tenté de prendre de haut ces pantins désarticulés, ce qui n'est jamais la meilleure des positions à avoir, et on se demande parfois si Paul Thomas Anderson lui-même n'adopte pas lui-même cet angle de vue.

La lenteur de l’intrigue pousse à l’assoupissement tandis que Paul Thomas Anderson ne développe qu’une seule intrigue, basée sur la relation ambiguë qu'entretiennent les deux hommes. Les personnages secondaires ne sont que des faire-valoir des antihéros et l’on aimerait en savoir plus par exemple sur cette épouse, par ailleurs très bien interprétée par Amy Adams. Pour ce qui est de Joaquin Phoenix et de Philip Seymour Hoffman, ils livrent tous les deux de belles prestations d’acteurs, bien que très hollywoodiennes, en particulier pour le premier qui est à chaque instant au bord du craquage artificiel. The master est donc un bel objet étranger, et froid, mais cet opus de PTA, manque singulièrement de substance, laissant le champ libre à nombre de ses détracteurs, qui lui reprochent une préciosité qui nuit parfois à son œuvre.

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