Nous ne sommes pas des anges (1989) Neil Jordan
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Nous ne sommes pas des anges (1989) Neil Jordan
Assemblage de talents ne fait pas forcément étincelles
Sur le papier, Nous ne sommes pas des anges n’est pas dépourvu d’atouts, en premier lieu un réalisateur prometteur, en l'occurrence Neil Jordan, qui avait auparavant réalisé quelques longs-métrages remarqués, dont La Compagnie des loups. Mais le film dispose aussi d'un scénariste talentueux en la personne de David Mamet, qui avait travaillé sur l'adaptation des Incorruptibles, et des acteurs excellents tels que Robert De Niro et Sean Penn. Même le compositeur, George Fenton, et le chef opérateur, Philippe Rousselot, étaient alors des valeurs sûres. Autant le dire tout de suite : le film est loin d’atteindre ces prétentions clairement affichées. Typique œuvre de commande, ce remake de La cuisine des anges du réalisateur Michael Curtiz a tout du bon divertissement du dimanche soir mais ne décolle pas vraiment du plancher.
Le début
Non loin de la frontière avec le Canada, en 1935, Ned et Jim, deux prisonniers ayant commis de menus délits comptent les jours avant d'être libérés. Alors qu'ils assistent, forcés, à l'exécution de l'un de leurs congénères, celui-ci parvient à s'enfuire, les entraînant avec lui. Ils se retrouvent chez Mme Blair, une paroissienne qui les confond avec deux prêtres, qui sont censés assister à la fête annuelle locale, donnée en l'honneur de la Sainte Vierge. Ne rêvant que de traverser la frontière pour s'évader vers le Canada, Ned et Jim acceptent d'endosser les rôles de ces ecclésiastiques. Jim parvient même à attirer auprès de lui et de ses idées fantaistes d'autres membres de la congrégation religieuse, tandis que Ned tombe sous le charme d'une jeune femme, récemment veuve, qui de temps en temps se prostitue afin d'avoir de quoi élever sa fille sourde et muette.
Analyse
On peut le constater dès le début, l’intrigue de Nous ne sommes pas des anges est assez banale : deux bandits qui s’échappent de leur pénitencier et tentent de se fondre dans la masse, ça sent le déjà-vu. Du reste c'est à peu près le seul élément que l'on peut trouver de commun avec le long-métrage dont il est adapté, La cuisine des anges. Mais l'on rentre tout de même très facilement dans l’histoire de ces deux pieds nickelés, à coup de quiproquos, certes assez improbables, mais qui ont le seul intérêt de faire sourire les spectateurs, et autre rebondissements plus ou moins convenus. Du reste, c’est quand les deux prévenus arrivent dans une bourgade bien sympathique, peuplée d'âme en apparence bien pieuses, que les choses se mettent sérieusement en place, et que les deux héros vont devoir faire preuve de plus en plus d'ingéniosité.
Il faut dire que le village où ils atterrissent, qui est situé à la frontière canadienne, se prépare alors à célébrer la procession annuelle de la « Vierge qui pleure ». La méprise qui transformera nos deux évadés en hommes de foi sera l’occasion de bien des péripéties amusantes, même si elles ne sont pas, il faut bien en convenir, très recherchées. On ne peut pas vraiment dire que ça vole haut, et le spectateur a un peu l'impression, en regardant les acteurs enchaîner les mimiques et autres grimaces surfaites, qu'en-mêmes se rendent bien compte de la supercherie à laquelle ils participent, bon gré, mal gré. Pourtant Nous ne sommes pas des anges nous propose, dans le rôle des deux faux prêtres, deux pointures du cinéma américain, à savoir Robert De Niro et le tout jeunot Sean Penn, qui sortait alors du fameux Outrages de Brian De Palma.
Et, si l'on met de côté l'outrance dans son jeu d'acteur, on peut dire que Robert De Niro est particulièrement drôle dans un rôle débridé tel qu’on l’imagine, et l'on se rend compte que les excès qu'il utilisera dans les comédies pas toujours recommandables qu'il a par la suite tournées les unes à la suite des autres étaient déjà en germe à la fin des années 1980. En fait tout dans Nous ne sommes pas des anges transpire la caricature et, si l'on fait un pas de côté et débranchons notre cerveau le temps du visionnage, ça a un côté séduisant. Seulement, forcément, sur la durée, tout cela frise quelquefois avec le balourd, pour être poli et gentil envers des artistes que l'on apprécie tout de même. Reste une toute petite comédie bien sympathique, ou en tout cas qui ne fait pas de mal, joyeusement anticléricale, mais, il faut bien l'avouer, qui ne brille pas outre mesure.