Mélodie en sous-sol (1962) Henri Verneuil
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Mélodie en sous-sol (1962) Henri Verneuil
La rencontre de deux géants du cinéma français
Le début des années soixante a été l’apogée de la rivalité entre les deux jeunes premiers du cinéma français de l'époque qu'étaient Alain Delon et Jean-Paul Belmondo. Celui-ci ayant cartonné grâce à Un singe en hiver d'Henri Verneuil avec Jean Gabin, cela piquera un tantinet l’attention de Delon. Il fera tout pour participer à Mélodie en sous-sol, allant même jusqu’à renoncer à son cachet. Au passage, on retrouvera le réalisateur et les deux acteurs, en compagnie de Lino Ventura, six ans plus tard dans Le clan des siciliens. Reste que le résultat de Mélodie en sous-sol est assez convaincant, la réussite du film étant en large partie due aux dialogues de l’inévitable Michel Audiard.
Dans un train de banlieue qui le ramène dans sa résidence de Sarcelles, Charles, qui vient d'être libéré de prison, écoute distraitement les conversations des autres passagers. À la maison, son épouse lui propose de démnager dans le Sud de la France pour y entamer une nouvelle vie autour d'un commerce. Mais Charles aimerait bien terminer sa « carrière » de braqueur sur un grand coup avant de partir à l'étranger, et ça tombe bien puisque son ami Mario lui a récemment parlé d'un plan pour dévaliser le casino de Cannes. Le problème, c'est que Mario est fatigué et Charles doit se rabattre sur un autre complice, Francis Verlot, un jeune homme qu'il a rencontré en prison.
Comme on peut le constater, le scénario de Mélodie en sous-sol, qu’on qualifie pourtant souvent d’original, ne casse pas trois pattes à un canard. Un ex taulard qui décide au grand dam de sa compagne (ce sera l’un des derniers rôles de Viviane Romance) de monter un dernier coup, et qui fait appel à un petit jeunot, on a vu et revu ce genre de situations. Basé sur un roman policier écrit par un romancier et scénariste américain, John Trinian, le script déroule les habituels poncifs du genre sans trop se préoccuper ni des vraisemblances ni de son originalité. Nous sommes en territoire connu, et l'on sent bien que le film a un public plus ou moins ciblé.
C’est plutôt la réunion des talents qui frappe dans Mélodie en sous-sol : les dialogues de Jacques Audiard fusent, la première rencontre d'une relation mi-filiale, mi-rivale qui naît entre Alain Delon et Jean Gabin et qui fait mouche. Alors bien sûr ils sont tous les deux sur des rôles très stéréotypés : le vieux grigou et le jeune play-boy, et l'on va assister aux nombreux différents qui vont les opposer. Cette dichotomie apporte d'ailleurs, de façon très légère, une idée des temps qui changent à cette époque. Ainsi, le retour de Charles dans sa ville met en scène les changements qui ont pu avoir lieu dans les cinq années qu'il a passé en prison, et qui accompagnent les mutations du temps qui passe.
Sans être formidablement révolutionnaire, le film se laisseregarder sans déplaisir. Henri Verneuil connaît bien son métier et sa mise en scène est affûtée. On n’est pas forcément passionné par le casse du casino en lui-même mais le charme et l’humour qui se dégagent de Mélodie en sous-sol en font un film qui ne vieillit pas trop, malgré ses multiples rediffusions télévisuelles. Quelques scènes sont particulièrement amusantes, comme celle qui met en scène Jean Carmet ou cette célèbre séquence finale dans la piscine qui a le mérite d’être pour le coup bien originale. Tout ça nous donne un bon petit classique du cinéma français, à voir et à revoir.