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Were the world mine (2008) Tom Gustafson

Were the world mine (2008) Tom Gustafson

Pubblicato 7 apr 2022 Aggiornato 7 apr 2022 Cultura
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Were the world mine (2008) Tom Gustafson

Pied de nez à un monde hétérocentré

Après avoir fait le tour de quelques festivals aux États-Unis, il a fallu attendre le début de l‘année 2010 pour voir sortir dans les salles françaises, enfin pour être tout à fait précis, une seule salle, à Paris, Were the world mine. En voyant le verre à moitié plein, on pourrait considérer que cette faible exposition a évité au film une sortie en direct to dvd. Bref, à l’origine Tom Gustafson avait réalisé un court-métrage intitulé Fairies, qu’il adapte ici dans un long format. C’est une sorte de mise en abîme, plutôt qu’une adaptation stricto sensu, du Songe d’une nuit d’été de notre bon vieux William Shakespeare. Seulement la potion du roi des fées est utilisée d’une façon un peu spéciale puisqu’elle rend amoureux de façon tout à fait fortuite, si l’on peut dire, des garçons avec des garçons et des filles avec des filles. Bizarre, comme c’est bizarre.

Le début

Dans son collège du fin fond des États-Unis, Timothy se fait régulièrement vanner par ses « camarades » de classe. Depuis qu’il a fait son coming-out, les autres garçons ne se privent pas de l’insulter et de le provoquer. Il rentre ainsi régulièrement avec des bleus et des blessures, ce qui ne manque pas de mettre sa mère en colère. Heureusement, il a autour de lui ses deux meilleurs amis, Frankie et Max, qui passent leur temps à se chercher l’un l’autre. Malheureusement pour lui, il est amoureux de Jonathon, un beau jeune homme, joueur de l’équipe de rugby du collège, qui sort avec une jeune fille dont Timothy est immanquablement jaloux. Inutile de dire que Jonathon fait partie des harceleurs, tout comme ses coéquipiers. C’est quand Miss Tebbit, son professeur, lui propose d’incarner Puck dans Le songe d’une nuit d’été que les choses changent pour Timothy.

Analyse

L’argument principal de Were the world mine est tout de même assez savoureux, on peut en convenir assez facilement. Rendre la moitié d’une ville américaine de province homosexuelle pour faire comprendre à ses habitants la difficulté d'exister quand on ne vit pas dans les canons socialement établis, c’est assez amusant, et plus subtil que ça n’en a l’air. Et ça ne manque pas d’intérêt, même si, bien entendu, le traitement adopté par Tom Gustafson est un tout petit peu, et on est gentil, caricatural. On suit tout de même avec un humour bienveillant les péripéties de personnages dont les comportements ne montraient jusque là pas beaucoup d’empathie envers les homosexuels, et qui se pâment soudain d’amour pour leur comparse de même sexe, en attendant avec une coupable impatience de voir s’agiter la baguette magique de Timothy. 

Surtout quand celle-ci prend pour cible ce bel éphèbe que le jeune homme convoitait et qui tombe immédiatement dans ses bras. La midinette qui sommeille en chacune et en chacun de nous ne demandait que ça, et l'on rêve alors d’un monde parfait, enfin, ne nous emballons pas non plus. Car Were the world mine remplit parfaitement son rôle de bluette homosexuelle : des beaux jeunes gens (et ici en l’occurrence des jeunes mâles), une histoire de fées, de l‘amour. Ce qui revient à résumer de façon très grossière les principales thématiques du Songe d’une nuit d’été. Mais force est de constater que tous les scénaristes n’ont pas le talent de William Shakespeare, et qu’ici, pour citer un autre célèbre auteur, c’est un peu court, jeune homme. Et les clichés s’égrènent assez vite : le délicat garçon qui n’est pas bon en sport est gay, sa prof de théâtre est prétendument lesbienne, et on en passe.

Effectivement c'est un tout petit peu gros, et en plus certains ont reproché à Were the world mine de mettre longtemps avant que l’intrigue principale ne soit dévoilée. Mais justement, ce début est très intéressant, car il nous présente la vie d’un jeune homosexuel de province qui tente de s’assumer. Chose peu banale, surtout dans une bourgade des États-Unis que l'on sent peut ouverte, c’est le moins que l’on puisse dire, et d’ailleurs cela se confirme, le geste de ce garçon est tout à fait courageux au vu des réactions qu’il suscite. La suite du film est d’ailleurs relativement habilement construite et nous entraîne dans une succession de performances vocales plutôt bien interprétées, mais si elles sont parfois lassantes, et de fantaisies globalement agréables. Au final on ne boude pas son plaisir, d'autant qu'on peut y voir quelques acteurs assez bien faits de leur personne : plaisir des yeux, quand tu nous tient.

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