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Ma vie avec John F. Donovan (2018) Xavier Dolan

Ma vie avec John F. Donovan (2018) Xavier Dolan

Pubblicato 24 mag 2021 Aggiornato 24 mag 2021 Cultura
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Ma vie avec John F. Donovan (2018) Xavier Dolan

Ma vie, c'est d'être fan

La conception de Ma vie avec John F. Donovan n’a pas été simple pour Xavier Dolan. Il commence à travailler sur le sujet en 2011, après le tournage de Tom à la ferme. Pour une fois, il écrit le scénario à quatre mains, avec son ami Jacob Tierney. Souhaitant dès le départ faire un film ambitieux sur Hollywood, la logique le pousse à chercher des financements américains. Ainsi se développe un film de studios, en langue anglaise, avec des tête d’affiche de renom international, provenant principalement des États-Unis. Le tournage s’effectue en plusieurs étapes, entre Montréal et Prague, tandis que le montage s’éternise sur deux ans. C’est une période de doutes pour Dolan, qui peine à trouver l’équilibre qu’il cherche, prenant des décisions radicales comme le coupage de toutes les scènes où figurait Jessica Chastain. Le film est finalement présenté au Festival International du Film de Toronto en septembre 2018, où il reçoit des critiques plus que mitigées.

En 2006, à New-York, un petit garçon et sa mère sont assis dans un café. Il l'interroge à propos d'une lettre qu'il est censé avoir reçue mais qu'elle ne lui a pas remise. Elle le rassure en lui disant qu'il va aujourd'hui pouvoir voir la personne qu'il rêve de rencontrer depuis des années. Le garçon se dirige alors vers la télévision qui diffuse le journal où est annoncé la mort de l'acteur John F. Donovan. Dix ans plus tard, à Prague, une journaliste téléphone à son rédacteur en chef pour se plaindre de devoir à la dernière minute interviewer un acteur qu'elle ne connaît pas. Attendant derrière elle, il a tout entendu de la conversation ; il lui demande de s'installer à une table et lui dit qu'il la rejoindra bientôt. En patientant, elle lit sur sa biographie qu'il vient d'écrire un livre qui raconte la correspondance qu'il a entretenue durant des années avec Donovan. Quand il arrive, elle lui demande de revenir sur la façon dont toute cette histoire a commencé.

À n’en pas douter, Ma vie avec John F. Donovan est un film bancal. Les nombreuses ruptures de rythme qui émaillent le récit le rendent confus, et l’on a durant longtemps du mal à saisir ce que Xavier Dolan veut nous raconter. Il s'avère au final qu'une fois de plus, il y met beaucoup de choses qui lui tiennent à cœur, n’hésitant pas à surexpliciter ses intentions à la fin du long-métrage. On dirait qu’il tient à faire fonctionner sa narration à la manière d’une pellicule photographique qui sera révélée en studio. Le dernier plan du film, qui esquisse un haussement de sourcil accompagné d’un sourire, est à ce titre révélateur : à l’image du personnage, le spectateur est censé remettre en perspective tout ce qu’il a vu précédemment au vu de l’image d’avant. Or, le monologue qui précède était déjà assez clair, et redondant par rapport à ce que l’on avait pu voir : la trajectoire compliquée d’un homosexuel dans l’industrie du divertissement, et la difficulté d’assumer publiquement une orientation sexuelle marginale.

Bon an mal an, c’est à peu près le message principal que l’on retient de Ma vie avec John F. Donovan, et ce discours militant, Xavier Dolan le tient depuis des années. De l’homophobie rurale à la transphobie en milieu scolaire ou de la sérophobie tacite, le réalisateur québécois n’a de cesse de revenir sur ces thématiques, qu’il tente ici difficilement de caser dans un film plus grand public. On retrouve aussi le style qui caractérise la patte dolanienne, et qui faisait le sel de ses précédents long-métrages. Ainsi le générique s’ouvre en travelling avant avec une saturation musicale, comme dans Tom à la ferme, une scène de sexe nous est présentée en chromatiques de couleurs, comme dans Les amours imaginaires, on a droit à une scène de chanson populaire à trois comme dans Mommy. Et certains plans sont une fois de plus formellement très intéressants, Dolan parvenant par exemple souvent à trouver un angle particulièrement pertinent qui nous permet de nous décentrer.

Bien sûr la figure de la mère est centrale dans Ma vie avec John F. Donovan, comme dans chacun des sept premiers films de Xavier Dolan. Ici elle se dédouble, mais les interactions avec leurs fils y sont tout aussi compliquées. Le réalisateur s’est visiblement fait plaisir en faisant jouer les excellentes et iconiques Natalie Portman et Susan Sarandon, sans compter une partition tout aussi impressionnante de Kathy Bates en mère de substitution. Le casting féminin est tellement au diapason, reléguant les protagonistes masculins au second plan, que l’on est un peu frustré de manquer les apparitions d’une Jessica Chastain dont, il faut l’avouer, on a tout de même du mal à imaginer comment son personnage aurait été intégré. Au final, on est tenté de penser que le gigantisme du projet a fait du tort au film, où l’on ne retrouve que trop rarement les éclairs de génie et d’intensité qui émaillent si souvent la filmographie du prodige canadien.

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