Le lauréat (1967) Mike Nichols
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Le lauréat (1967) Mike Nichols
Hello darkness my old friend, I’ve come to talk with you again
Il existe un film qui dénote bien positivement dans l’éclectique carrière de Mike Nichols. Réalisé après le tournage épuisant de Qui a peur de Virginia Woolf, il restera pour beaucoup comme l’un des symboles de toute une génération. Après ce Lauréat, Nichols ne sera plus tout à fait le même réalisateur. Non pas qu’il ne fera que des mauvais films : Working girl était gentillet, Wolf renouvelait pas mal le genre tandis que Closer, entre adultes consentants, avait un ton original. Mais toute sa filmographie sera dorénavant scrutée à l’aune du Lauréat, adapté du roman de Charles Webb, sorti quelques années plus tôt. Peut-être était-ce l’originalité du sujet qui collait parfaitement à l’air du temps. Du reste, le seul Oscar que le réalisateur obtint fut pour ce film, qui lança la carrière de Dustin Hoffman et est pour beaucoup considéré comme le premier film du Nouvel Hollywood.
Le début
Benjamin vient de rentrer de l’université, son diplôme en poche, et compte prendre quelques jours de vacances en Californie. Lors d’une fête organisée en son honneur par ses parents, il revoit une de leurs amis, Mrs Robinson, qui lui demande de la raccompagner chez elle. Elle ne tarde pas à lui faire des avances, qu’il rejette purement et simplement, sauvé à la dernière minute par l’arrivée de Mr Robinson. Seulement, la chair est faible, notre jeune diplômé va bientôt rappeler cette femme qui l’attire inexorablement, et une liaison commence entre les deux. Tout se passe de façon idyllique pendant des semaines, jusqu’à ce que Elaine, la fille de Mrs Robinson, ne revienne de Berkeley. Celle-ci va très vite attirer l’œil du jeune homme, qui va accepter un rendez-vous avec elle, allant ainsi à l'encontre des injonctions de la mère de la jeune fille, qui lui avait défendu de l’approcher.
Analyse
Quel jeune homme n’a-t-il jamais fantasmé sur Mrs Robinson, personnage ô combien subversif ? Il faut dire que ce n’est pas n’importe qui : Anne Bancroft au top de son sex-appeal, on ne peut pas résister. Une femme de quarante ans (l’actrice avait quatre ans de moins à l’époque), pleinement épanouie et maîtresse femme, et l’on peut dire que Le lauréat est le sommet de sa carrière. Elle y éclipse un Dustin Hoffman pourtant excellent lui aussi, à la fois touchant et blessant comme peuvent l’être les jeunes hommes de son âge (il avait trente ans mais incarnait un homme de 10 ans de moins). À côté de ces deux-là, Katharine Ross se révèle bien pâlichonne dans un rôle pourtant essentiel, et l’on peut d’ailleurs convenir que, bien que bien remplie, sa carrière ne sera pas aussi époustouflante que celle de ses deux collègues.
C’est un peu la seule chose qui pêche dans Le lauréat : le film ne parvient pas vraiment à nous convaincre de l’amour naissant entre les deux tourtereaux. Si Mike Nichols réussit une première partie enlevée, la seconde partie du film (exceptée une fin très bien réussie) est un peu bancale : on a le sentiment qu'il rate quelque chose en translatant son récit sur la romance entre les deux jeunes gens. On passe trop rapidement d'une relation, certes purement basée sur le sexe, ce qui était fort scandaleux pour l’époque, à une histoire d’amour naissante où le coup de foudre n’est pas assez mis en valeur. Toutefois, Nichols parvient à construire un film équilibré entre des personnages finement analysés et une ébauche assez bien réussie de l’ambiance de l’époque, ce flower power qui pointe du nez dans les campus face à une société conservatrice qui ne comprenant pas bien ce qui se passe.
Enfin on ne peut évoquer The graduate sans parler de la sublime bande originale concoctée par Simon and Garfunkel. Le générique de début, que Quentin Tarantino reprendra bien des années plus tard dans Jackie Brown, et qui laisse s’échapper les premières notes de The sound of silence, nous met immédiatement dans l’ambiance. Puis Scarborough Fair et bien entendu l’inimitable Mrs Robinson parachèvent une œuvre sonore délicieuse et qui colle parfaitement aux images. À n’en pas douter, et même si sa mise en scène ne restera pas telle quelle dans les annales, Le lauréat n’a pas volé son statut d’œuvre « culte » pour avoir su si bien capter son époque, où le mouvement hippie déclarait au Monde son refus de se voir dicter ses lois par une société rétrograde. Un vent de liberté traverse le film, qui résonne aujourd'hui encore comme une promesse de jours meilleurs.