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La main sur le berceau (1992) Curtis Hanson

La main sur le berceau (1992) Curtis Hanson

Pubblicato 22 feb 2021 Aggiornato 22 feb 2021 Cultura
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La main sur le berceau (1992) Curtis Hanson

Une nounou d’enfer

Lorsque sort La main sur le berceau, le réalisateur Curtis Hanson n’a pas encore fait ses preuves, ayant pourtant signé quatre films la décennie précédente, avec quelques interprètes majeurs tels que Tom Cruise ou bien Isabelle Huppert. Il adapte ici un scénario d’Amanda Silver, qui, quelques dizaines d’années plus tard, s’attaquera avec son mari Rick Jaffa, à l’écriture du reboot de La planète des singes. Il confie les rôles principaux à deux actrices emblématiques du début des années 1990 : Rebecca De Mornay a déjà une notoriété bien assurée, entre sa liaison avec Tom Cruise, avec qui elle partageait l’affiche de Ricky business, et divers rôles où elle côtoyait entre autres Kevin Costner et Geraldine Page ; Annabella Sciorra n’en est quant à elle qu’au début de sa carrière, tout comme Julianne Moore qui écope ici d’un second rôle savoureux. À noter aussi, la présence de la jeune Madeline Zima, qui dès l’année d’après intégrera le casting de la série Une nounou d’enfer : ironie, quand tu nous tiens.

À Seattle, Claire et Michael Bartel ont une fille, Emma, et ils attendent un deuxième enfant. Tandis qu’elle prépare le petit-déjeuner, Claire se fait surprendre par un inconnu qu’elle voit rôder dans le jardin. C’est Solomon, un travailleur handicapé mental venu pour construire la clôture et dont l’association lui a été conseillée par un ami. Elle se rend à l’hôpital pour son premier rendez-vous avec un obstétricien, son ancien médecin étant parti à la retraite. Le docteur Mott, dont l’épouse est aussi enceinte, souhaite lui faire passer un examen complet, comme à l’ensemble de ses nouvelles patientes. Claire ressent une gêne croissante durant l’examen et sort du rendez-vous bouleversée, au point d’être prise d’une crise d’asthme. Quand son mari rentre du travail, il lui conseille de déposer plainte, craignant que le docteur Mott ne fasse la même chose à d’autres femmes. Il se suicide quelques temps plus tard, mis en examen après que quatre autres femmes ont affirmées avoir été abusées de lui.

Avec La main sur le berceau, nous avons affaire à un thriller où l'on connaît le coupable, ce qui est l’inverse des traditionnels whodunnit, où le but du jeu pour le spectateur est de trouver qui a commis le crime. Pour citer Alfred Hitchcock, ce type de scénario est bien plus intéressant, puisque l’on se concentre alors soit sur le pourquoi, qui est ici assez évident, soit sur le comment. C’est là que le film se doit d’être bien construit, et de faire monter la tension petit à petit, ce que visiblement Curtis Hanson a très bien compris. Tous les éléments de son long-métrage s’enchaînent astucieusement, progressant vers une fin que l’on sait inexorable. Le film n’est cependant pas sans lourdeur, de trop nombreux gros plans guidant le spectateur dans quasiment chacune des scènes. Cela nous permet toutefois d’être attentifs à ces petits éléments qui vont faire basculer une gentille petite chronique familiale à un drame où le suspens sera décuplé par la montée en puissance de la bande sonore.

Dans le genre si stéréotypé que celui du thriller, La main sur le berceau se démarque un peu par son féminisme paradoxal. Tel un Liaison fatale, sorti quelques années précédemment, la psychopathe est incarnée par une femme : ce n’est pas divulgâcher que de l’écrire, puisqu’il s’agit de la base même du scénario. Et qui plus et, elle aura en face d’elle une autre femme, sa victime, qu’elle tient d’ailleurs responsable de son malheur. L’analyse de la psyché féminine n’est pas non plus extrêmement poussée, au moins évite-t-on de justesse le poncif de l’hystérie. Reste que le film mérite de mettre en lumière les violences obstétricales, ce qui en soi peut être considéré comme féministe. San compter que le rôle campé par Julianne Moore est celui d’une maîtresse femme et business woman accomplie. Les acteurs jouentdu reste tout du long un rôle quasi inexistant, jusqu’à la résolution finale qui opposera les deux femmes pour le plus grand plaisir des spectateurs un peu voyeurs (quelques scènes inutiles de nuisettes auraient pu être coupées).

C’est ainsi un plaisir un peu coupable que l’on peut ressentir devant La main sur le berceau. On se trouve devant un de ces films grand public des années 1990 qui avoisinent la série B. En particulier cette fin capillotractée nous entraînent, à grand renfort de violons et de sons stridents, vers un dénouement un peu jouissif mais aussi un peu grand-guignolesque. Le film repose en tout cas avant tout sur ses actrices, qui se démènent et nous font bien comprendre qu’il s’agit là de leur grande prestation. Rebbeca De Mornay insiste bien sur ses regards tantôt aguicheurs tantôt effrayants, jouant un double jeu machiavélique, entre séduction et perversion. De son côté, Annabella Sciorra appuie bien sur les faiblesses de son personnage avant de révéler quelques petites fourberies à la fin pour sauver la mise. Si l’on se rend bien compte que tout ceci ne constitue pas un grand œuvre, on se laisse porter par la mécanique du film, et sans doute par une esthétique un tantinet désuète.

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