Chérie je me sens rajeunir (1952) Howard Hawks
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Chérie je me sens rajeunir (1952) Howard Hawks
C’est pas aux vieux singes qu’on apprend à faire la grimace
La filmographie pléthorique de Howard Hawkes prouve à elle seule l’éclectisme du personnage. Le réalisateur a touché à une quantité de genres tous aussi différents les uns que les autres : le western avec La captive aux yeux clairs ou Rio Bravo, le film de gangsters avec Scarface, le film noir avec Le grand sommeil, la screwball comedy avec L’impossible Monsieur Bébé ou ce Monkey Business (liste bien sûr non exhaustive). Il poursuit ici sa collaboration fructueuse avec Cary Grant, por qui il avait une grande estime, et qui tournait à cette époque avec les meilleurs réalisateurs. C'est par contre la première fois qu'il travaille avec Marilyn Monroe, qu'il dirigera l'année d'après dans Les hommes préfèrent les blondes. Quant à Ginger Rogers, c'est la seule et unique fois qu'il la distribue.
Un chimiste nommé Barnaby Fulton cherche de façon compulsive une formule sur le rajeunissement, et la vie quotidienne avec son épouse Edwina s'en trouve perturbée. Dans son laboratoire, un chimpanzés âgé semble avoir trouvé une nouvelle vigueur, suite à une de ses expérimentaions. Son chef, Oxley, se montre particlièrement intrigué par le comportement de l'animal, et il se propose comme cobaye. Or, c'est un malentendu qui a conduit à cette malheureuse interpétation, et le singe en question n'était pas le plus âgé, mais une femelle, qui se met à manipler les instruments du chimiste. Suite à un nouveau quiproquo, Barnaby ingère une de ses mixtures, qui semble avoir quelques effets sur son métabolisme. Il ne ressent plus le besoin de mettre ses lunettes, et se comporte tout d'un coup comme un adolescent.
Si il ne figure pas parmi les perles les plus citées dans la filmographie d'Howard Hawkes, ni d'ailleurs de la screwball comedy, qui a connu de nombreuses pépites, Chérie je me sens rajeunir fait au spectateur l’effet d’une sympathique réussite. La scène d’introduction donne le ton : après deux ratages orchestrés de façon millimétrée, Cary Grant alias Barnaby Fulton entre dans le champ de la caméra et nous fait l’effet d’un étourdi chimiste qui, tout absorbé à sa future découverte, en oublie son dîner entre amis. Il faut dire que notre sympathique protagoniste est sur le point de faire une découverte majeure qui révolutionnera, espère-t-il, la science. En l'occurrence un médicament qui fait rajeunir, et ce dès années avant l'apparition d'une certaine pilule bleue. Des futurs essais plus ou moins réussis vont faire de lui et son entourage les cobayes idéaux de cette expérience.
Il ressort de Chérie je me sens rajeunir (un titre français franchement ridicule) une atmosphère vraiment rigolote, celle d’un film où personne ne se prend au sérieux. À commencer par les acteurs : Cary Grant en fait des tonnes avec un naturel ma foi convaincant tandis que Ginger Rogers s’en tire un peu plus laborieusement mais il faut dire qu’elle écope d’un rôle trop caricatural. Enfin, cela dit, il n'est pas pire que celui de Marilyn Monroe, ce qui confirme qu'à cette époque les personnages féminins n'étaient pas la priorité des scénaristes à Hollywood. De là à dire que tout a changé désormais, cela serait exagéré, mais là n'est pas le débat. En tout cas, ici, la mise en scène de Howard Hawks est légère et dynamique, elle nous entraîne facilement dans les méandres d’un scénario qu’on peut toutefois qualifier d’abracadabrantesque.
Il faut dire que Monkey business surfe sur la vague de cette fameuse screwball comedy, un genre particulièrement en vogue à Hollywood dans les années 1940 et 1950 et qui nous offrira des perles comme Indiscrétions ou La dame du vendredi. Un genre qui ne se démarque pas particulièrement par l’originalité de ses scénarii mais surtout par ses scènes cocasses et ses dialogues raffinés. Et là même s’ils ne sont pas particulièrement brillants, ils font souvent mouche et provoquent des rires et des sourires mérités. On a droit en plus à une petite réflexion naïve mais gentillette sur le couple et son usure ou sur les vertus comparées de la jeunesse et de la maturité. Bref, Howard Hawks signe ici une charmante petite comédie qui n’est certes pas son meilleur film mais qui reste tout de même d’une qualité appréciable.