Bienvenue chez les Ch’tis
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Bienvenue chez les Ch’tis
Edmond Tanière, Tout in haut de ch’terril (Charlys/Arthur Véry), Disques Déesse, 1980.
La version originale est à retrouver ici.
Et celle de Renaud est ici.
Du côté de chez Zola
Alors qu’il est sur le tournage de Germinal (Claude Berri, 1993), Renaud découvre tout un pan de culture parallèle : le monde du Nord, celui des terrils, des mineurs, patrimoine régional capable de prendre de l’envergure au point de devenir l’un des plus gros succès du box-office français quelques années plus tard (Bienvenue chez les Ch’tis, Dany Boon).
Café-théâtre
Avant de se lancer dans la chanson, Renaud avait hésité avec une carrière d’acteur. À ses débuts, il a côtoyé la troupe du café de la gare, emmenée par Romain Bouteille, Coluche, Miou-Miou, Patrick Dewaere, Henri Guybet. C’est là qu’il fait la rencontre de celle qui partagera longtemps sa vie, Dominique, alors en couple avec Gérard Lanvin :
Là j’ai un insigne SS
L’initiale de ma gonzesse
Que c’est même pas ma gonzesse
C’est la femme à mon copain
Que c’est même pas mon copain
Peau aime
Mais en 1993, cette hésitation est loin derrière, et Claude Berri doit user de patience pour le convaincre de tenir le rôle d’Étienne Lantier.
Renaud découvre donc la culture laborieuse des mineurs de fond, s’engage auprès des figurants pour les aider à négocier une augmentation de leur cachet, mais les choses n’en restent pas là.
Cante el’ Nord
De retour du tournage, armé de son accordéon, reprenant sa casquette de chanteur, il décide d’enregistrer un album de reprises de ces chansons de terroir baignant dans leur jus. Cela donne un disque brut, abrupt, gratté à l’os, et exigeant.
La plupart sont des chansons d’Edmond Tanière, parfois elles-mêmes adaptées du folklore (la fameuse mention « traditionnel » dans les crédits.
Le succès est énorme, 350 000 exemplaires vendus et une Victoire de la musique (Album de musique traditionnelle), ce qui est surprenant pour un disque aussi exigeant, chanté avec l’accent picard et en patois, et dont le sens nous laisse parfois sur le bord du chemin….
Cet album, je l’ai beaucoup écouté quand il est sorti. Beaucoup. Avec beaucoup de tendresse : pour l’homme, pour le chanteur, pour les chansons, pour les histoires qu’elles savaient raconter avec humour, poésie, ou détresse.
Remarque supplémentaire en forme de nota bene
Cette histoire aurait aussi bien pu s’intituler : Au Nord, c’était les corons (Pierre Bachelet), ou Les Gens du Nord (Enrico Macias), ou tout autre chanson évoquant cette région la plus septentrionale de France. J’ai préféré un titre de cinéma, pour le côté Renaud acteur, Germinal.