Le Syndrome Woody Allen
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Le Syndrome Woody Allen
Carole Serrat (part. 2)
Ancienne speakerine qui a perdu son job au profit d’un bandeau en bas de l’écran et ancienne chanteuse dont le dernier succès remonte à 1987 (Ose), Carole Serrat et son mari Laurent Stopnicky vivent au début des années 90 une période difficile, qui trouve son apogée lors de l’incendie de leur maison. Tout brûle, et Carole Serrat aurait pu y laisser la vie.
Pourtant, derrière le drame se profilent déjà les bonnes nouvelles. Un artiste japonais a découvert par hasard le dernier 45 tours de Carole Serrat en regardant dans les bacs d’un disquaire de Tokyo. Comme quoi il peut y avoir de l’avenir à fouiller le passé. Ce genre de lubies peut receler un sens profond, dit-il pour se rassurer… Regardez les pêcheurs de perle qui se cassent bec et ongles sur des centaines de coquilles vides avant de trouver le trésor caché.
Cet homme s’est donc mis en quête de la chanteuse, persuadé qu’elle peut faire un carton au Japon, et l’a retrouvée, ainsi que son co-auteur de mari. Il parvient à les convaincre de travailler avec lui. Le succès est au rendez-vous. La jeune femme devient vite une star au Japon. Elle connaît ainsi la destinée improbable des artistes boudés dans leur pays mais vénérés à l’étranger. Il faudrait créer un label rien que pour eux, ces chanteurs qui, comme certaines équipes de foot peinent à s’imposer à domicile mais brillent à l’extérieur. C’est Hélène (pas celle de Troie, celles d’AB production) qui a en France une image de has-been alors qu’en Chine c’est une véritable icône, à tel point qu’elle avait été conviée à l’Élysée lors d’un dîner en l’honneur du président Xi Jinping. C’est encore Woody Allen qui a obtenu plus de reconnaissance en France qu’aux États-Unis , ce dont il ironise dans Hollywood Ending avec une subtile mise en abîme. C’est le syndrome du prophète hors de son pays.
Au cours de leurs nombreux voyages vers le Japon, où ils mènent paradoxalement grand train, alors qu’en France ils sont toujours au bord du précipice, Carole Serrat et Laurent Stopnicky découvrent la médecine orientale, qui mêle méditation, sophrologie, philosophie et développement personnel, et se prennent de passion pour cet art de vivre. Ils se lancent alors pleinement dans une nouvelle aventure : fini la variété (dommage), ils ont bien encore enregistré quelques disques, mais il s’agit de musiques pour la relaxation et la méditation. Fini aussi la télé, Carole est devenue consultante santé pour quelques magazines et à la radio. On sort de mon domaine de compétence.