La Poésie des terrains vagues
Sur Panodyssey, tu peux lire 10 publications par mois sans être connecté. Profite encore de 9 articles à découvrir ce mois-ci.
Pour ne pas être limité, connecte-toi ou créé un compte en cliquant ci-dessous, c’est gratuit !
Se connecter
La Poésie des terrains vagues
Gérard Blanchard traîne derrière lui une image de rocker au grand cœur, braillard et débraillé, un peu anar, un peu loulou. Il y a chez lui du Renaud, du Ferré, du Thiefaine. Il est surtout connu pour sa chanson Rock Amadour qui lui a valu son premier et plus grand succès en 1982. Sur la pochette, il pose avec son accordéon en bandoulière et, si l’on est attentif, on peut remarquer qu’il a une troisième main, cachée sur la rangée de boutons au bas de l’instrument. En 1997, il a sorti un album live, Gérard Blanchard s’la joue solo, où il est seul au milieu d’un ring de boxe dans une sorte de Corrida revisitée. On sent bien que ce chanteur a quelque chose à revendiquer, de l’ordre du combat.
Son amour de voyou est le morceau qui donne son titre au quatrième album studio du chanteur en 1987. Il s’en dégage un parfum entêtant, peut-être dû à la rythmique volontairement reggae, insistant sur les contre-temps, ou bien à la répétition inlassable d’une seule phrase qui vient clore chaque couplet et qui constitue l’intégralité du refrain :
« Son amour de voyou qu’est derrière les verrous »
À noter que la version live est nettement plus rock, plus rapide.
Mais ce n’est pas tout :
« Entre une carcasse de tôle et un cerisier en fleurs
Se balance au gré du vent une fille bronzée qui pleure
…
Les bidons, les tas de ferraille, cour dépotoir, jardin décharge,
Nichée au fond d’un hamac, le tempo au bout des doigts »
Il y a ici la poésie des terrains vagues, un petit côté Seigneur des porcheries, Démons de Jésus, Gavroche, héros enfanté de la plèbe, une iconographie de western urbain où la grandeur et la beauté poussent sur les charniers délabrés de la civilisation, juste en périphérie. L’imaginaire s'épanouit entre les canettes de bière et les papiers gras, c’est la force du vivant palpitant qui parvient à s’extraire. Quand tous les murs se seront effondrés, il y aura encore du lierre et du chiendent, et on entendra une chanson de Gérard Blanchard, comme le vent jouant de l’harmonica sur les ossements blanchis et décharnés d’un très vieil animal.
Ici la version studio
Ici la version live