Pas sur la bouche (2003) Alain Resnais
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Pas sur la bouche (2003) Alain Resnais
Soyons désinvoltes, n’ayons l’air de rien
Le réalisateur de la nouvelle vague qui a su rester le plus fidèle à l’esprit d’origine du mouvement est sans doute Alain Resnais. Pas du point de vue strictement formel, mais plutôt dans l’innovation perpétuelle qui régit ses films. D’Hiroshima mon amour à On connaît la chanson en passant par Smocking/No Smocking, l’auteur a su à chaque fois surprendre son audience avec des originalités de mise en scène et de scénario assez rare dans le cinéma français. Avec Pas sur la bouche, et à 81 ans, il osait proposer l’adaptation d’une opérette des années 1920 en costumes d’époque, avec les dialogues originaux et des intermèdes musicaux légèrement écourtés et chantés par les propres acteurs du film. C’est une gageure que peu de réalisateurs tenteraient et qui prouve l’incroyable jeunesse intérieure d’un artiste qui osa se renouveler quitte à égarer son auditoire.
Le couple Valandray, Gilberte et Georges, sont des bourgeois qui habitent à Paris au milieu des années 1920. Aisé, Geaorges a fait des affaires dans l'industrie métallurgique, tandis que la belle Gilberte séduit et se fait séduire par une cour assidue. Autour d'eux gravitent le gentil Faradel, éternel célibataire qui ne conclue pas très souvent ses tentatives amoureuses, ou bien un jeune artiste, Charley, que la jolie Huguette aimerait bien conquérir. Et puis il y a aussi la sœur de Gilberte, Arlette, qui n'est toujours pas mariée et aime aider tout un chacun. Soudain débarque Eric Thomson, un américain qui a fait sa carrière dans l'industrie et qui fut marié à Gilberte. Or, seules celle-ci et Arlette ne son au courant de cet épisode sentimental. C'est sans compter l'initiative de Georges, qui décide de faire des affaires avec Ericet commence à l'apprécier.
Il faut d’emblée accepter les règles du jeu dans Pas sur la bouche : certes on n’est pas habitués aux désuètes mélodies des chansons quelquefois un peu trop longues qui ponctuent le récit. Du reste c'est clairement une façon pour Alain Resnais de rendre hommage à l'opérette, que d'aucuns considèrent comme une sous-catégorie du théâtre. Passée la surprise du début, on peut se délecter de ses fripons bavardages, certes très convenus, mais qui nous en disent à chaque fois un peu plus sur l’un ou l’autre des personnages. De même la mise en scène baroque mais pleine de virtuosité est à prendre dans ses excès et son originalité paye très souvent.
Ainsi Pas sur la bouche est un vaudeville au scénario un peu faible, et qui, de l'avis d'Alain Resnais, s'est fait dans la précipitation uniquement pour employer des artistes et une équipe qui avaient été déjà engagés pour un autre film, qui n'a pas pu se faire. Ainsi l'argument est très banal : une femme cherche à tout prix à taire à son second mari le premier mariage qu’elle a contracté quelques années plus tôt aux États-Unis. Autour d’elle gravite sa sœur, l'excellente et drôlissime Isabelle Nanty, une jeune ingénue, incarnée par Audrey Tautou, plutôt pas mal dans son rôle, et d’autres délicieuses surprises de casting comme Darry Cowl en... femme de ménage.
C’est dire si Alain Resnais ne se prend pas au sérieux, et c’est sans doute la raison pour laquelle ça fonctionne aussi bien, pour autant que l'on n'en attende pas non plus un chef d'œuvre impérissable. Ainsi Pas sur la bouche est-elle une pétillante comédie qui n’a d’autre prétention que d’amuser son public, en ne versant jamais dans la facilité mais avec une grâce et une aisance toute naturelle. Un exercice de style très périlleux, avec son lot de portes qui claquent et d'amants dans le placard, comme dans la plus pure tradition du boulevard, mais qui est efficace si l’on est dans la disposition d’esprit adéquate pour accepter de se laisser surprendre.