Sweet sixteen (2002) Ken Loach
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Sweet sixteen (2002) Ken Loach
La vie réelle des anges
Le cinéma de Ken Loach est engagé. De Ladybird à Bread and roses en passant par beaucoup d’autres longs-métrages, le cinéaste s’est très souvent intéressé aux plus démunis de ses compatriotes. Avec son scénariste Paul Laverty il nous offre dans Sweet sixteen le portrait d’un adolescent, Liam, prêt à tout pour s’en sortir. Lors d'un Festival de Cannes présidé par David Lynch, le film décroche le Prix du scénario. Les autorités britanniques et espagnoles, quant à elles, interdisent l'œuvre aux moins de 18 ans pour usages outrancier des injures, tandis qu'en France elle sera interdite aux moins de 12 ans.
Le début
À Greenock, en Écosse, Liam est un adolescent, qui, avec ses amis, ne vont plus à l’école et errent sans but toute la journée. Ils gagnent de l’argent en vendant illégalement des cigarettes dans un pub. La mère de Liam, Jean, est en prison pour un crime commis par son petit ami Stan, qui travaille comme trafiquant de drogue avec le grand-père de Liam, Rab. Jean devrait être libérée dans quelques semaines, à temps pour les 16 ans de Liam. Stan et Rab tentent de forcer Liam à faire passer de la drogue à Jean lors d’une visite en prison. Refusant de coopérer, Liam est battu par Stan et finalement jeté hors de l’appartement de Rab.
Analyse
Dès le début, Ken Loach nous montre Liam, le personnage principal de Sweet sixteen essayant de gagner deux ou trois sous par ci par là, quand brutalement la réalité nous est montrée. Il va, avec son beau-père, une enflure, visiter sa mère en prison, et, dès lors, on sait qu’il n’aura de cesse de trouver un moyen pour vivre seul avec elle dans un endroit décent pour la sortir de tout ça. Quand on apprend par la suite qu'elle est détenue pour un crime qu'elle n'a pas commis, et que le réel coupable, son compagnon, bat Liam, on se rend compte de façon encore plus patente des intentions du réalisateur.
On suit donc pas à pas dans Sweet sixteen le parcours de Liam pour tenter de s’en sortir. Oui mais quand on a quinze ans et des poussières, comment faire ? On comprend tout de suite que Liam, interprété avec une fougue et une rage étonnante par un comédien amateur à l’époque, Martin Compston, n’est pas un adolescent ordinaire. Sévèrement rudoyé par la vie et par sa famille, il a déjà beaucoup trop vécu pour son âge, comme malheureusement une grande partie de ses amis. C’est paradoxalement un avantage indéniable qui vous donne la rage de vaincre l’adversité coûte que coûte.
Mais un adolescent gardera toujours une certaine part de naïveté et d’innocence qui lui feront quelquefois payer cher ses actions impulsives. C’est d’ailleurs là tout le talent de Ken Loach que de nous montrer dans Sweet sixteen ce personnage foncièrement dur et indéniablement mûr pour son âge tout en le montrant dans des situations plus ludiques somme toute naturelles, comme quand il s’amuse dans la voiture avec son pote Pinball, le tout aussi bon William Ruane, par exemple. C’est du cinéma à la fois engagé et divertissant, qui nous ouvre les yeux et nous émeut, comme les anglais savent si bien le faire.