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Fin de siècle (2020) Lucio Castro

Fin de siècle (2020) Lucio Castro

Publicado el 23, sept., 2020 Actualizado 23, sept., 2020 Cultura
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Fin de siècle (2020) Lucio Castro

Les rencontres d’après midi

Le réalisateur de Fin de siècle est argentin et a vécu à New-York, où il a été créateur de vêtements masculins. Après un premier court-métrage présenté au Festival de Cannes, Lucio Castro se lance dans l’aventure du long avec cette rencontre amoureuse entre deux hommes à Barcelone, en partie inspirée de la vie personnelle de son auteur. Le film fait le tour de divers festivals, parfois à thématiques LGBTQI, de Buenos Aires à New-York ou à San Francisco en passant par le festival Chéries-Chéris de Paris. Pour son casting, le réalisateur, né au milieu des années 1970, choisit deux acteurs relativement peu connus de sa génération. Le ténébreux Juan Barberini est récemment brièvement apparu dans la première partie de La Flor tandis qu’on avait vu le beau Ramón Pujol, au début de sa carrière, dans un second rôle dans Le parfum de Tom Tykwer, avant qu’il n’incarne un personnage récurrent dans une série espagnole inédit en France, Doctor Mateo.

Habitant New-York, Ocho est fraichement arrivé à Barcelone. Il se perd dans la ville avant de découvrir l’appartement qu’il a loué au travers d’une plateforme. Il s’installe progressivement, profitant de la terrasse et des cafés catalans. Il surfe un peu sur une application de rencontres sans vraiment trouver quelqu’un qui lui plaise. Un matin, en buvant un café sur son balcon, il voit un homme avec un t-shirt où est inscrit « Kiss », qui lui tape dans l’œil. Il poursuit ses visites touristiques, du Parc du Labyrinthe d'Horta et de musées, avant d’aller à la plage. Il y croise de nouveau le garçon qui l’avait précédemment attiré, mais n’a pas le temps de lui parler avant qu’il ne s’en aille. Un peu plus tard, il le croise encore et lui propose de monter dans l’appartement où il habite. Il s’appelle Javi et l’avait lui aussi remarqué sans oser l’aborder. Ils partagent une bière et discutent : Javi est de passage à Barcelone alors qu’il habite à Berlin. Ocho est écrivain tandis que Javi est réalisateur de programmes télévisés pour les enfants.

Le cadre dans lequel Fin de siècle se déroule ne manque pas de charme. Le film fait un peu office de guide touristique pour les futurs visiteurs de Barcelone, mais cela s’inscrit de façon assez cohérente avec le récit qui nous est raconté. Dès le début on comprend qu’Ocho n’est pas familier de cette ville, et le début du long-métrage est une longue déambulation dans les artères de la capitale catalane. On y découvre ses bars, ses jardins, ses musées ou bien ses plages, toutes et tous bénéficiant d’un traitement esthétique favorable. Les mauvaises langues diront que l’œuvre de Lucio Castro pêche par une attention trop marquée à la mise en valeur des paysages, mais cela donne au film une esthétique qui le démarque de nombreuses productions. On se retrouve devant des images baignées d’une lumière tantôt éclatante tantôt crépusculaire, et le soin apporté à la photographie mérite d’être noté. Discrète mais efficace, la mise en scène du réalisateur, qui fait la part belle aux plans fixes, ne manque quant à elle pas de cachet.

L’intérêt de Fin de siècle tient également de sa construction narrative, relativement peu commune. Il faut d’abord attendre quasiment un quart d’heure avant d’entendre une première parole. Si cette entrée en matière est au début déstabilisante, le spectateur s’y habitue peu à peu, la caméra suivant les allées et venues du personnage principal dans un cadre joliment croqué. La rencontre entre les deux amants se déroule alors de façon assez frénétique, les corps exultent et la caméra met en valeur de façon à la fois pudique et sensuelle les ébats des deux hommes aux physiquex avantageux. Un quart d’heure se passe encore avant que la narration ne bascule de façon étonnante. Sans crier gare, on passe d’une séquence à l’autre dans un flashback qui ne dit pas son nom. Au spectateur de recoller les morceaux avec les quelques indices disséminés. Un demi-heure plus tard, on revient au temps présent, puis la conclusion nous propose une alternative tout aussi originale.

Avec cette construction acrobatique, Fin de siècle nous offre une assez belle histoire d’amour. L’intemporalité de cette relation ajoute un intérêt tout particulier à l’attraction quasi pulsionnelle qu’éprouvent au début du film Ocho et Javi, tous deux interprétés par des acteurs convaincants. Les personnages qu’ils endossent nous montrent deux facettes différentes de la vie homosexuelle contemporaine. Le premier a vécu durant vingt ans avec un homme, s’est progressivement lassé de leur vie de couple et ils ont tous les deux souhaité faire une pause afin de redécouvrir la liberté, et la solitude qui va de pair. Le second quant à lui est devenu père de famille sans qu’il ne l’ait vraiment programmé, et il partage avec son compagnon depuis quatre ans une relation libre, qui comporte cela dit certaines règles. La simplicité avec laquelle tous ces éléments sont mis en avant apporte un peu de fraîcheur et une modernité appréciable, nous montrant de façon très simple les diverses possibilités actuelles de vivre en couple et en famille.

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