Le mariage de Maria Braun (1979) Rainer Werner Fassbinder
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Le mariage de Maria Braun (1979) Rainer Werner Fassbinder
La reconstruction impossible d’une femme légère
Primé au Festival de Berlin pour l‘ensemble de son équipe, Le mariage de Maria Braun est important à plusieurs niveau. Il représente un pivot dans la filmographie de Rainer Werner Fassbinder : c’est le premier film de sa trilogie allemande, que certains considèrent comme une tétralogie si l’on compte avant Lili Marleen. Il va ainsi dépeindre le destin de quatre femmes, que l’on pourrait symboliquement représenter comme une seule que l’on suit des années 1930 aux années 1950. C’est un peu la métaphore de l’Allemagne que l’on suit durant ces douloureuses années, ce qui pour le public occidental était quelque peu novateur. Peu de réalisateurs allemands se sont ainsi penchés sur cette période.
Le début
Le mariage de Maria et d‘Hermann se fait de façon quelque peu chaotique : en pleine Seconde guerre mondiale, leur ville est bombardée et ils signent les papiers sur les décombres d‘un édifice en ruine. À peine un jour plus tard, la mariée se retrouve seule : son époux doit partir au front et elle part vivre avec sa mère et son grand-père. Deux ans plus tard c’est la fin de la guerre et Maria apprend que son mari a été tué sur un champ de bataille. Durant tout ce temps elle avait recherché en vain Hermann, se promenant avec une pancarte où était écrit son nom. Elle se débrouille comme elle peut avec le marché noir et devient entraîneuse dans un bar fréquenté par les soldats américains qui occupent le pays.
Analyse
Ce que nous raconte Le mariage de Maria Braun, c’est l’impossibilité d’être heureuse que ressent l’héroïne principale dans l’Allemagne d’immédiate après-guerre. Elle a connu un bonheur succinct, et le réalisateur prend bien soin de ne nous présenter ses personnages qu’au moment de ce bref état de félicité, de plus relativisé par le contexte dans lequel se passe leur mariage. Et elle doit de surcroit s’adapter à la transition radicale que traverse son pays : très peu d’allusions sont faites au contexte politique, mis à part des interventions radiophoniques récurrentes de Konrad Adenauer. La reconstruction de l'Allemagne d'après-guerre est douloureuse, à tous points de vue.
Ainsi on se rend bien compte des difficultés que ressentent les personnages dans leur vie quotidienne. C’est pourquoi on peut ressentir de l’affection pour cette Maria Braun qui parait avoir des mœurs légères, et ne semble pas ressentir grand chose, mais dont le courage et la détermination impressionnent. Ainsi le personnage principal du Mariage de Maria Braun se blinde pour mieux supporter sa condition, privilégiant des bonheurs matériels pour ne pas sentir son malheur profond. Vivant constamment dans le déni, elle se construit une carapace, affectant une froideur pour mieux refouler ses émotions. Ce qui ne peut durer éternellement, et quand ses sentiments prennent le dessus, elle s’effondre littéralement.
Le film est porté par une actrice d'exception, et Hanna Shygulla trouve ici l’un de ses plus beaux rôles, tandis que la mise en scène de Reiner Werner Fassbinder est impressionnante. Le fond et la forme trouvent ainsi dans Le mariage de Maria Braun une parfaite cohérence et la subtilité du scénario laisse au spectateur la latitude d’interpréter plusieurs moments clés de l’histoire. On peut se sentir perdus à plusieurs moments, mais le réalisateur parvient toujours à nous ramener, tout en gardant les mystères de l'âme humaine intactes. La dernière scène est en particulier étourdissante et nous marque de façon spectaculaire. C'est l’un des meilleurs films de son auteur, et c’est peu dire tant sa filmographie est riche et homogène.