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Hunger (2008) Steve McQueen

Hunger (2008) Steve McQueen

Publicado el 16, sept., 2023 Actualizado 16, sept., 2023 Cultura
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Hunger (2008) Steve McQueen

Droits bafoués et honneur à gagner

Pour Hunger, le réalisateur Steve McQueen a obtenu la Caméra d'or au Festival de Cannes en 2008. Originaire de l'univers de l'art contemporain, où il a réalisé quelques installations vidéo prestigieuses, une chaîne de télévision britannique lui proposa de réaliser un long-métrage, et il choisit alors comme thème l'épisode marquant de la vie de Bobby Sands. Cet activiste irlandais s'est fait connaître au début des années 1980 en entamant une grève de la fin pour acquérir, avec ses codétenus, le statut de prisonniers politiques. C'est alors Margaret Thatcher qui est première ministre au Royaume-Uni, et au début de son mandat Lord Mountbatten a été assassiné par l'IRA. La tension est à son comble et la dame de fer se montrera comme dans bien des cas inflexible sur cette affaire.

Le début

Surveillant à la prison de Maze, en Irlande du Nord, Raymond Lohan a les jointures des doigts meurtries. Ces stigmates sont le fruit de nombreux passages à tabac de prisonniers qu'il tente de mater. Ce sont en majorité des détenus qui ont entamé une grève de l'hygiène, le « dirty protest » : ils refusent de se laver, et enduisent les murs de leurs cellules de leurs propres excréments et urine. Quand il arrive dans cette prison, Davey Gillen se déclare solidaire de ses camarades et refuse l'uniforme qu'on lui propose, se couvrant le corps d'une simple couverture. Il découvre la vie carcérale et ses petits trucs pour survivre au quotidien, sympathisant avec le leader du groupe, Bobby Sands,qui déchire les pages de la Bible pour se faire son papier à cigarette, avec du tabac qu'il récupère en douce.

Analyse

La première partie de Hunger nous présente des images d'une force sidérante. D'une façon naturaliste, Steve McQueen nous montre le quotidien de ces hommes à qui l'on refuse le statut de prisonniers politiques. La caméra s'attarde sur des corps souvent déjà décharnés et sur les conditions d'hygiène déplorables dans lesquelles ils se forcent à vivre. Il faut avoir en particulier le cœur bien accroché pour supporter rien que la vision de ces murs recouverts d'excréments ou de ces traces de saleté incrustée. On sent bien que le réalisateur souhaite apporter une patte documentariste, les événements qu'il relatent, s'ils ne sont pas forcément tous avérés, sont en tout les cas très plausibles.

Majoritairement silencieuses, ces images parlent d'elles-mêmes et nous font ressentir d'une manière d'autant plus criante l'injustice que subissent ces détenus que les surveillants n'hésitent pas à frapper et à humilier de façon incessante. Puis Hunger se mue en film encore plus militant, nous exposant une confrontation d'idée entre deux fortes personnalités. Dans une prise impressionnante d'une vingtaine de minutes, dont un quart d'heure en plan fixe, Bobby Sands explique à un prêtre le combat qu'il s'apprête à mener, pourquoi et comment il compte le faire. Cette scène, filmée à contre-jour grâce à la photographie délicate de Sean Bobbitt, est d'une intensité et d'une beauté rares.

Un échange d'idées bouillonnant s'ensuit, où le spectateur suit médusé cet échange au risque de perdre son attention dans ce flot de dialogue. Le prestation de Michael Fassbender devient à partir de cet instant une vraie performance d'acteur : même en sachant qu'il avait perdu 14 kilos pour le rôle, on ne peut qu'être bluffé en voyant à quel point il prend à cœur son personnage. C'est la révélation du film, en plus de Steve McQueen, l'acteur n'ayant alors que peu officié au cinéma. La mise en scène de Hunger est sèche et âpre, tout comme le propos que le réalisateur fait passer dans ce film assez impressionnant. Le fond et la forme s'allient ici de belle manière dans un long-métrage brillant.

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