True mothers (2021) Naomi Kawase
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True mothers (2021) Naomi Kawase
Ôter [un enfant] à sa mère, c'est lui ôter plus qu'on ne peut lui rendre
C’est un roman, écrit par Mizuki Tsujimura, qui a inspiré Naomi Kawase pour True Mothers. Adoptée elle-même par des membres de sa famille, elle a été séduite par cet ouvrage qui traite de la maternité, à la fois du point de vue d’une mère adoptante et de celui d’une mère biologique. Les premiers documentaires de la réalisatrice, qu’elle réalise au début des années 1990, évoquaient déjà cette problématique, d’un point de vue plus personnel. Puis, dès son premier long-métrage de fiction, elle va obtenir la Caméra d’or au Festival de Cannes, et plusieurs de ses films y seront par la suite sélectionnés. Récipiendaire du Grand prix pour La forêt de Mogari, elle fera partie du jury, présidé par Steven Spielberg, qui attribuera la Palme d’or à La Vie d'Adèle. Son dernier film a fait partie de la sélection officielle 2020, annulée pour cause de pandémie, et reçoit, tout comme plus de cinquante films, un label palliant l’absence de palmarès de cette édition.
Satoko reçoit un appel de l'institutrice de son fils, Asato. Un de ses camarades d'école, blessé, affirme qu'il l'a poussé. Désolée, Satoko se rend à la maternelle chercher Asato, puis appelle la mère de son ami. Celle-ci se montre vindicative et lui demande de l'argent pour couvrir les frais médicaux. Six ans auparavant Satoko rencontrait son mari Kiyokazu. Très amoureux l'un de l'autre, ils évoquent très vite le fait d'avoir un enfant. Après plusieurs tentatives infructueuses, ils apprennent que Kiyokazu est quasiment stérile et entament un processus de fécondation in vitro. Mais le temps passe et ils se lassent, finissant par abandonner leur projet de parentalité. Un soir, ils tombent devant un reportage télévisé sur Baby baton, une association qui recueille des jeunes filles ne pouvant pas élever leur enfant, et les met en contact avec des couples désirant adopter. Ils vont à une réunion de présentation, où ils sont tous les deux bouleversés et décident de s’engager dans cette voie.
Les deux trajectoires de femmes qui sont développées dans True mothers sont passionnantes. Satako aime sincèrement son mari Kiyokazu, et ne voudrait le quitter pour rien au monde. Son désir entravé de maternité, qu’elle parvient à transmettre à Kiyokazu, les amène à affronter des épreuves douloureuses. Tout ce chemin qui conduit ce couple à choir à adopter un enfant nous est raconté de belle façon, et la progressivité dans la narration de leur histoire fait prendre conscience au spectateur de l’amour qu’ils portent à Asato et du choc qu’ils vont ressentir lorsque sa mère biologique, Hikari, les contacte. Son histoire est quant à elle tout aussi intéressante, mettant en scène une adolescente par trop naïve qui va tomber enceinte sans le vouloir. La réalisatrice nous offre ainsi à voir les deux facettes d’une même histoire, sans prendre parti, afin de nous faire comprendre ce qui se joue. Libre au spectateur de choisir, en pleine conscience, à quelle partie il s’attache le plus.
La construction de True mothers est par contre déconcertante. Les transitions entre la partie actuelle et les flashbacks sont assez bien réalisés : si l’on est surpris au début, on comprend très vite dans quelle temporalité se situent les personnages. Par contre, au sein même du segment au présent, Naomi Kawase introduit des espaces de suspense qui alourdissent son propos. Par exemple, l’argument initial – Asato a-t-il poussé son meilleur ami, et pourquoi – est déployé de manière maladroite. Cette fausse tension pourrait être destinée à introduire un débat entre l’inné et l’acquis – la violence serait potentiellement dans les gènes de l’enfant ; or cela n’est jamais exploité par la suite. De même, cette façon qu’a la réalisatrice d’interrompre le récit à un moment critique – l’arrivée du policier, la question de savoir si la jeune fille est bien Hikari – retombe comme un soufflé car l’enjeu dramatique n’est finalement pas d’une importance folle.
Les amateurs de Naomi Kawase trouveront dans True mothers à la fois des similitudes et des différences par rapports aux précédents long-métrages de la réalisatrice. La nature y est toujours aussi présente, et ce dès le début du film, qui met en parallèle le son d’un accouchement et celui des vagues de l’océan. Les plans nous montrant divers éléments naturels sont légion, soulignant une vision du Monde où l’harmonie doit primer. La mise en scène de la réalisatrice mélange encore une fois documentaire et fiction, nous offrant à voir des pans entiers de documentaire télévisé dans la partie centrée sur Satako ou incorporant le style du documentaire dans la section consacrée à Hikari. C’est une manière pour Kawase de faire surgir le réel et de brouiller les genres, et l’effet est plutôt surprenant mais réussi. Par contre on voit pour une fois des univers urbains, qui contrastent avec ses forêts de prédilection et qui sont là pour appuyer le côté moderne de son propos.