Câblé
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Câblé
Pierre-Édouard, À mon âge déjà fatigué (Jay Alanski), Yona/CBS, 1980.
En écoute ici.
Acte manqué
À la vue de cette pochette en noir et blanc, avec ce prénom bombé en rose et en diagonale, la première réflexion qui me vient, c’est que j’aurais tout à fait pu la glisser là. Et en même temps, ce n’est pas plus mal qu’elle ait échappé à ma vigilance, car cela me donne une occasion de développer un peu.
Homme de main
D’abord, les paroles et la musique sont signées Jay Alanski, qui livre ici l’une de ses toutes premières compositions. Par la suite, il aura l’occasion de se distinguer (et de s’en mettre plein les fouilles au passage, en tout cas je l’espère pour lui) en tant que chanteur, mais encore plus en tant qu’auteur, compositeur ou producteur et marquera de son empreinte bon nombre de tubes des années 80, notamment ceux de Lio (Banana Split, Je casse tout ce que je touche, Fallait pas commencer), Plastic Bertrand, ou Jil Caplan, déjà croisée en ces lieux.
Compilation
À mon âge déjà fatigué apparaît sur la compilation Chébran, volume 1 (Born Bad), qui rassemble des morceaux conçus sous le premier septennat Mitterrand, entre sonorités proto-rap et funk français calibré pour Top 50 et boîtes de nuit, dont la quintessence se trouve exprimée par Chagrin d’amour et son tubissime Chacun fait (c’qui lui plaît). Bien d’autres ont cherché à s’engouffrer dans la brèche ouverte par ce succès tonitruant qui ouvre la décennie. On les retrouvera avec plaisir sur le disque.
La fourmi
On y découvrira également un morceau aussi discret qu’étrange, crédité au nom de Bianca, illustre inconnue qui n’est en réalité que le pseudonyme d’Agathe Labernia, chanteuse du groupe Regrets (Je ne veux pas rentrer chez moi seule). La voix et le phrasé sont assez reconnaissables. Mais je vous laisse le soin de le constater en suivant les liens. Un avertissement préalable toutefois : âmes sensibles, attention à La Fourmi, c’est du glauque vilain.
La fourmi est ici.
Je ne veux pas rentrer chez moi seule ici.
Un neuf huit zéro
Dernier point, mais non le moindre : À mon âge déjà fatigué est sorti en 1980, mon année de naissance. Ce qui me classe de fait dans la catégorie des schnocks, et me confère le droit de dire des trucs comme « en ce temps-là on savait faire faire des chansons ! ». Est-ce que je vais me saisir de ce droit ? Pas sûr. Je sais que je peux donner cette impression en restant là à vasouiller dans le marasme de ces 45 tours oubliés à longueur de publications et qui sentent parfois le champignon moisi (les 45 tours, pas mes publications, enfin j’espère). Mais j’essaie de rester lucide, conscient qu’hier comme aujourd’hui, dans la musique comme ailleurs, on trouve à boire, à manger, et aussi à gerber. Foin de nostalgie mal placée, sachons rester ouverts, prêts à se laisser cueillir par un son, une voix, une phrase, ou même une odeur de vieux grenier. Pas vrai ?
Stéphane Hoegel 1 year ago
Ah, et sinon, welcome chez les schnocks.
Benjamin Mimouni 1 year ago
Arrête, j'suis déjà fatigué !
Stéphane Hoegel 1 year ago
À la première écoute, Pierre-Édouard m'a fait penser à du Plastic Bertrand aussi bien dans la voix que dans la prosodie. Peut-être que de se partager le même auteur-compositeur a joué...
Et pour La Fourmi, bien que tu aies prévenu que c'était glauque, je ne m'attendais pas à ça !
Benjamin Mimouni 1 year ago
C'est vrai qu'on ne sait pas trop quoi en penser de cette fourmi...