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« Puisque tout est publicité... »

« Puisque tout est publicité... »

Published Mar 24, 2021 Updated Mar 24, 2021 Music
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« Puisque tout est publicité... »

Étienne Auberger, Ô Sophie, (Étienne Auberger), Phonogram, 1986.

Etienne Auberger, Ô Sophie

 

La bohème

 

Sous des allures de dandy foutraque, Étienne Auberger présente une chanson en apparence débraillée, où les jeux de mots et autres fantaisies verbales se taillent la part belle, mais structurée par une vraie histoire qui permet de maintenir ses délires philosophico-fromagers en place.

Lui rêve d’être chanteur et cachetonne pour trois sous. Elle est lassée de cette vie de bohème :

 

« Je voulais vivre de mon art

Elle voulait vivre en avait marre ».

 

Naturellement, tout cela va mal finir. Mais à cette histoire d’amour un peu Belle Époque s’agrègent d’étranges considérations de crémier :

 

« Ce camembert qui nous servait

De déjeuner, de goûter et de dîner

Peut-être l’ai-je overdosé

Mais j’étais fauché comme les blés »

 

Auxquelles s’ajoutent des références littéraires faciles à déchiffrer :

 

« Cette leçon coûta plus d’un fromage

Un renard lui a payé du plumage »

 

Le tout enveloppé d’un accordéon, tout cela semble de bric et de broc.

 

 

 

Philosophie "what else"

 

Finalement, la chance lui sourit, il rentre tout fier de lui à la maison :

 

« Mais j’ai croisé un producteur

Et c’est d’accord : je vais être chanteur

D’accord c’est qu’une pub mais quand même

C’est pour le fromage que tu aimes ».

 

Sachant qu’Étienne Auberger est surtout auteur et compositeur pour la publicité et qu’il ne s’est aventuré dans la chanson que pour s’amuser, on goûte ici tout le sel et le piquant de ces paroles.

Ils sont nombreux les acteurs et le musiciens à avoir joué le jeu de la publicité, le plus illustre d’entre eux restant Richard Gotainer, marquant compositeur du Sampa, du Youki, du Mambo du décalco, de Banga et de Saupiquet. Accepter cette compromission financière n’est pas forcément vendre son âme, cela peut aussi être un moyen de se laisser les coudées franches pour mener librement des projets plus stimulants mais moins rentables. George Clooney semble avoir bien intégré ce principe, lui qui cède son image dans des pubs pour le café afin de gagner de quoi monter ses propres projets plus ambitieux. Ce n’est donc pas juste pour le blé.

 

Le temps des sentences

 

À la fin de l’histoire, comme dans une fable, Étienne Auberger tire les leçons de ses erreurs, et c’est le retour du fromage, comme dans Le Corbeau et le renard :

 

« Moins il y a de trous, plus il y a de gruyère

Plus il y a de sous, moins il y a de colère

Cette leçon coûta plus d’un fromage

Un pauvre artiste en est devenu sage »

 

Tout cela est plutôt bien ficelé.

 

L’humour est affaire sérieuse

 

À ces deux dimensions, la colonne vertébrale en forme d’histoire d’amour scabreux et la métaphore fromagère filée comme un morceau de raclette fondue, s’ajoute une logorrhée verbale où jeux de mots scabreux mais assumés (sinon ils ne seraient pas là) :

 

« C’était pas gai, je disais : « c’est rame » »

 

croisent le plaisir et la fantaisie d’invention :

 

« Ô Sophie ! Ça me suffit

Ma philosophie

Où suis-je ? Où vais-je ? D’où viens-je et où accours-je ?

Où accours-je ? « 

 

Les interrogations philosophiques essentielles sont tordues à l’extrême, histoire de voir jusqu’à quel point elles peuvent tenir avant de craquer.

Voilà donc un morceau qui ne se prend pas au sérieux mais dans lequel Étienne Auberger fait preuve d’une grande maîtrise, nous prouvant une fois de plus que déconner, c’est du sérieux. Il n’y a qu’à observer la photo de pochette pour finir de s’en convaincre : le facétieux se cache dans les détails, tout comme le diable : le polo, le petit nœud papillon à motif écossais, le timbre-poste en guise de médaillon, contrastant avec le pantalon à pince et les souliers vernis. Grand dandy style.

Le morceau est ici

Etienne Auberger

 

 

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