Un samedi soir sur la terre
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Un samedi soir sur la terre
Pierre Vassiliu, Il était tard ce samedi soir (Pierre Vassiliu)/En vadrouille à Montpellier (Marie Vassiliu/Pierre Vassiliu), Barclay, 1974.
On connaît surtout Pierre Vassiliu pour sa moustache, son air bonhomme, sa nonchalance souriante et son adaptation de Chico Buarque, Qui c’est celui-là ? Mais je voudrais m’arrêter aujourd’hui sur deux morceaux étranges, parus sur ce 45 tours en 1974.
Face A : Il était tard ce samedi soir
Cette chanson raconte la rupture de Tarzan et Jane (prononcer Jeanne), dans une réécriture moderne. Tarzan arrive à la maison au volant de sa Jaguar, il se gare devant le pavillon, Jane rentre de Compiègne avec des escargots. Tarzan annonce : « C’est la fin Jane », s’approche d’elle et lui met « deux tartes dans la gueule », le tout sous l’œil indifférent de Cheetah, occupée à fouiller le sac de Jane et bouffer son rouge à lèvres. C’est amusant mais en partie seulement. Cet accès de brutalité froide est très malsain. La violence gratuite et domestique met mal à l'aise, surtout quand elle est camouflée par de l’humour pas très drôle, genre blague de Tex.
Dans cette histoire, Tarzan n’est pas né au Congo mais au Tyrol, il porte « des culottes et des bottes de moto » mais pousse toutefois son cri caractéristique. Pierre Vassiliu ne parle pas de son slip en revanche. Bref, cette chanson aurait pu n’être qu’un joyeux foutoir amusant, une bizarrerie sans conséquence, n’était cette fausse note malsaine qui vient gâcher la légèreté. Malheureusement le pire est encore à venir.
Face B : le diable est dans les détails
Dans En vadrouille à Montpellier, le chanteur raconte une soirée en boîte de nuit. Il commence à danser avec une fille, l’enlace, la caresse, elle lui répond, ça commence à chauffer sévère sur le dancefloor. Ils s’échappent, filent chez lui pour s’envoyer en l’air :
« Tu entres dans la chambre et tu te déshabilles, tu m’attrapes, tu m’agrippes et tu m’enfonces en toi, tu me veux tout entier, tu me manges, tu me bois »
Musicalement parlant, la chanson est une pure perle pop et psychédélique, érotique en diable. Problème : dès le début il dit :
« Quel âge peux-tu avoir ? 16 ans ? 17 ans ? »
À la décharge de Pierre Vassiliu, il n’est pas l’auteur des paroles. C’est sa femme Marie. Ce qui ne change rien, c’est même pire.
On pourra me reprocher une certaine pudibonderie, mais cette extrême jeunesse, vue l’ambiance survoltée du morceau, me dérange au plus haut point. On me dira qu’il faut replacer la chanson dans son contexte post-68, libération sexuelle et compagnie, que ce n’est pas si grave, qu’à 16 ou 17 ans on est déjà une femme pleinement consciente de soi, de son corps, de son désir, on me parlera du bon vieux temps.
Mais quel bon vieux temps ? Celui où l’alcool au volant était considéré comme circonstance atténuante plutôt qu'aggravante en cas d’accident ? Celui où on faisait brûler les sorcières ? Où on pendait les noirs ? Celui où le viol n’était pas considéré comme un crime ? Celui où les femmes n’avaient pas le droit de vote ?
C’est dommage car En vadrouille à Montpellier est une chanson sublime, et l’immense jeunesse de la protagoniste n’ajoute rien à son potentiel onirico-érotique, au contraire. Les détails comptent.
Pour écouter En vadrouille à Montpellier, c'est ici.
Il était tard ce samedi soir est ici.
Et pour le plaisir, le fameux Qui c'est celui-là ? est ici.
Benjamin Mimouni 3 years ago
Effectivement, ils existent, j'en ai des preuves plein mes armoires... Histoire à suivre.
Bernard Ducosson 3 years ago
Tu viens de me faire connaitre "Vadrouille" et ça ne m'a pas laissé un grand souvenir à l'époque. mais c'est bon de se souvenir que les nanars ont toujours existé. Merci encore...