On touche avec les yeux
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On touche avec les yeux
Élisabeth Bossut, Fille de pub (Michel Mallory/Cyril Assous), Armelade Music, 1986.
Le morceau est ici.
Femme libérée
C’est le cas, du moins en apparence :
Je vends mes yeux, mon corps ou ma peau
Pour un clip, pour une photo,
Tu peux me caresser si tu veux
Mais avec les yeux
Élisabeth Bossut a l’air de savoir exactement ce qu’elle veut faire de son corps et de son image et semble capable de se défendre.
Je m’habille d’un bijou, d’un parfum,
D’un rimmel ou bien d’un fond de teint
En poudre ou en tube
Je suis fille de pub
Il y a là comme un air de ressemblance avec B.B. Initials
Elle ne porte rien
d’autre qu’un peu
D’Essence de Guerlain
Dans les cheveux
De profil, de face ou bien de dos
J’enlève le bas comme j’enlève le haut
Quand les propos viennent confirmer ce que montrait l’image…
Mais il y a un mais.
Sous le vernis
À y regarder de plus près, en grattant sous le vernis et le maquillage, derrière les apparences, la femme forte, comme bien souvent, n’est en réalité qu’un phantasme façonné par des hommes. Auteur, compositeur, arrangeur, producteur, photographe et même graphiste : tous des hommes.
Une fois de plus, dans cette chanson, la femme forte n’a aucune existence réelle et ne peut rien revendiquer de plus que l’ingénue ou la ravissante idiote, ou autre cliché du même acabit.
Je suis qu’une image pour te faire rêver
J’entends dans ces paroles une tristesse infinie, mais ce n’est peut-être que moi.
La paronymie (ressemblance graphique et phonétique entre deux mots de sens différent, exemple : « Ils peuvent nous mépriser mais pas nous maîtriser » Youssoupha) du titre, Fille de pub, volontaire ou non, est très révélatrice. Je te laisse retrouver le terme paronyme tout seul, je n’ai pas envie de me montrer grossier. Si tu l’as, on peut continuer.
La dérive des continents
Ou un bilan carbone positif pour la publicité :
Je pose en string sur la banquise en Alaska
Toute habillée de fourrure au fond du Sahara
Le pire, c’est que tout reste superficiel, l’auteur n’a même pas l’air de le déplorer. Il se contente d’aligner ses phrases les unes à la suite des autres en les faisant vaguement rimer.
En 2022, un rapport de l’Arcom remarque que la sexualisation des femmes et les stéréotypes de genre perdurent dans la publicité. La femme est toujours mère et objet, l’homme aventurier et bricoleur. (Et je ne parle même pas de la bagnole).
La route est encore longue.
Ne baisse pas les bras.
Salut à toi ma sœur !
Luce 10 months ago
C’est beau et c’est touchant!
tu ne voudrais pas faire un post sur mon livre? 😉