Toi le frère...
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Toi le frère...
Deuxième partie : Mélodie vagabonde (13)
Quelqu'un l'a aperçu
Mangé pou le cœur est comme une bouée. L'album marque un instant de répit dans la tempête, une trêve heureuse. Alain Péters est choyé. Il avait déjà l'affection populaire, il a maintenant la reconnaissance du milieu musical avec cet album signé de son nom. Hélas cela ne fait pas tout. Il continue à dériver, disparaît des radars puis réapparaît. Quelqu'un l'a aperçu au coin d'une rue un soir en train de chanter ou chancelant au bord de la mer. Les périodes d'exaltation sont suivies de grands creux. C'est la tempête, les montagnes russes. Il y a des moments de doute et toujours une immense tristesse, un mal-être latent qui ne lui laisse aucun répit. Tantôt il se laisse aller au gré des courants, complètement, ferme les yeux et lâche prise. Tantôt il décide d'agir, d'arrêter, de se reprendre en main, rechute, se noie, survit. Les années qui s'enchaînent à ce rythme de grand huit ont de quoi soulever le cœur et user le corps et l'esprit d'un homme, de quoi broyer le peu qui lui reste. Il fait quelques passages en maison de repos, parfois en hôpital psychiatrique. Les membres de Village Titan ne le laissent pas tomber. Ils tâchent de le garder dans leur champ de vision, l'accompagnent et l'entourent. Ils le protègent de leur mieux et font appel aux services sociaux quant ils sont démunis et que cela devient nécessaire.
Les silhouettes
Autour d'Alain Séraphine et de son association gravitent un grand nombre d'individus dont on a pu croiser le nom ou la silhouette au cours de ce récit : Alain Gili l'écrivain, Jean-Marie Pirot le passionné, Pierre Vidot le musicien, Jean Albany le poète. Il y en a encore beaucoup d'autres, cinéastes, peintres ou écrivains, moins importants dans la vie d'Alain Péters, qui ont à peine croisé sa trajectoire et que l'on a donc pas évoqués, mais ils existent. Au milieu de ce vivier de culture et d'échange, il y a Marc Polot, dit Marco, un genre de médiateur culturel, c'est en tout cas sa fonction officielle au sein de Village Titan. En réalité son rôle est bien plus complexe que cela. Sa gentillesse naturelle et sa bienveillance, ainsi que son humour et son air malicieux, font de lui un personnage essentiel, un intermédiaire amical, débrouillard, un facilitateur qui parvient à tisser du lien entre les gens sans effort et sans fausseté. Il résout les problèmes.
On ne sait pas précisément à quel moment Alain Péters et lui se sont rencontrés pour la première fois, ni à quel moment ils sont devenus amis, probablement immédiatement. Ils sont tous les deux si spontanés.Tout ce qu'on peut dire c'est qu'ils étaient très liés. Souvent, ce n'est pas la longévité d'une histoire, ni son passif qu'il faut prendre en considération, mais son intensité. Et de l'intensité, de la camaraderie, de l'affection, il y en avait à revendre. Marco considérait Alain comme son frère, son dalon, celui qu'il n'avait jamais eu puisqu'il était orphelin. Et la réciproque était vraie.
Merci à Eric Ausseil, mon frère de route dans cette histoire.