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I Can't get no

I Can't get no

Publié le 24 nov. 2021 Mis à jour le 24 nov. 2021 Musique
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I Can't get no

Les temps des métamorphoses (8)

Vague contestataire

Nous sommes alors au tout début des années 70, en pleine période post-Woodstock et, dans le nouvel ordre mondial comme dans la contestation, ce sont les États-Unis et l'Angleterre qui dictent désormais les règles. Les choses ont été bousculées à la fin de la décennie précédente. Il y a eu Martin Luther King et ses rêves assassinés, les luttes pour les droits civiques des noirs, le Printemps de Prague, mai 68, le Vietnam, l'Algérie, l'Indochine. Le blues triomphe. Il a voyagé du nouveau monde au vieux continent. C'est le géant Howlin' Wolf qui se produit sur la scène londonienne devant de jeunes fans éblouis par ses grognements de fauve, au premier rang desquels on trouve les futurs Rolling Stones. Puis c'est l'explosion pop en Grande-Bretagne : Beatles, Stones, Kinks et autres Who. Et, juste retour de bâton, ce que l'on a appelé la British Invasion : les tournées aux États-Unis des groupes britanniques. C'est aussi le blues de Bob Dylan et la vague contestataire. La Réunion n'échappe pas à ce raz-de-marée. Pop Décadence se coule dans cette immense vague psychédélique et en reproduit toutes les subtilités, y mêlant déjà son propre héritage, l'esclavage, les cyclones, les éruptions volcaniques, l'histoire de toute l'île, de tout un peuple. Voilà ce qui se joue lors de concerts endiablés, volume sonore poussé au maximum, pédales d'effets, riffs et solos de fou, Alain Péters dans ses tenues bariolées, secouant ses cheveux lâchés sur ses épaules, et en toile de fond les étoiles et le bruit de l'océan, les voix des anciens esclaves et de ceux qui se sont échappés, le grondement du maloya, déjà. C'est en tout cas ce que moi j'imagine, que je me plais à croire, car tout comme le groupe précédent, Pop Décadence ne nous a laissé aucun enregistrement. Cela ne doit pas nous empêcher de nous projeter.

Satisfaction

L'aventure de Pop Décadence se poursuit pendant quelques années, jusqu'à ce qu'Alain Péters décide de quitter le groupe en 1975. Il se lance dans un nouveau projet : Satisfaction, avec René Lacaille à la guitare et au saxophone, Bernard Brancard à la batterie, Albert Ethève aux claviers et Hervé Imare au chant. Il faudra dorénavant compter avec René Lacaille et Hervé Imare dans la suite de notre histoire. Comme Bernard Brancard, ils intègrent pour longtemps la galaxie Alain Péters. Avec Satisfaction, un nom tiré de la discographie des Rolling Stones, on voit que les influences sont toujours les mêmes. Alain Péters n'a pas encore fait le tour de la question pop-rock. Pourtant il évolue. En choisissant de faire référence à une chanson de Mick Jagger et Keith Richards pour baptiser son nouveau groupe, il affiche une préférence pour la Grande-Bretagne. Il laisse de côté le pan psychédélique américain symbolisé par Woodstock pour se lancer dans une aventure plus expérimentale : le rock progressif, celui de Yes ou King Crimson. Il abandonne ainsi symboliquement Jimi Hendrix au profit d'Eric Clapton. Il cherche encore et toujours de nouvelles pistes à explorer, veut sans cesse élargir son horizon. Il ne sait pas encore que la vraie révolution viendra de lui, pas des influences extérieures. Il n'est encore qu'au tout début de sa carrière. Il a à peine vingt-cinq ans et tourne en rond dans des groupes de reprises de plus en plus expérimentaux, essaie de nouvelles choses, mais il a encore du mal à sortir de son pré carré, comme s'il avait besoin de se rassurer, d'apprendre encore son métier, se perfectionner, bien faire le tour pour en connaître les limites, la moindre barrière avant de tout faire voler en éclats. Cela viendra vite. Ce garçon est plein de ressources et plein d'envies. Mais ça ne viendra pas avec Satisfaction. Le groupe n'a qu'une durée de vie très éphémère. Comme les Lords ou Pop Décadence, il ne laisse aucune trace, aucun enregistrement derrière lui. Alain Peters n'en est pas encore là. Pour le moment il répète. Il fait ses gammes. C'est l'année suivante que les choses vont changer. En 1976, il passe à la vitesse supérieure.

Merci à Eric Ausseil, décorateur attitré de ces pages.

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