Rien ne sert de courir
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Rien ne sert de courir
Le temps des métamorphoses (31)
Ti pas, ti pas n'arriver
(A retrouver ici)
Rame canot là, rame canot là, rame
Té mon bras
Jusqu'à dans l'autr' bord
Rame canot là, rame canot là, rame
Té mon bras
Mi veut rentr' au port
Bel' lames la mer i batt' si mon flanc
Mi connais mon coque l'est léger
Bon Dieu moin la peur si mi coule au fond
Fait façon comment pou arriver
Rame canot là, rame canot là, rame
Té mon bras
Jusqu'à dans l'autr' bord
Rame canot là, rame canot là, rame
Té mon bras
Mi veut rentr' au port
Râle cariole là, râle cariole là râle
Té mulet
Râle à li courage
Râle cariole là, râle cariole là râle
Té mulet
Nous va 'ller la case
Si chemin pagottes ecqu' piquants 'na pleins
Vieilles côtés ton pattes va poser
Ta trouve fouragères p'têt in peu plis loin
Fait façon comment pou arriver
Râle cariole là, râle cariole là, râle
Té mulet
Râle cariole là, râle cariole là, râle
Té mulet
Nous va 'ller la case
Râle le corps là, râle le corps là, râle
Ô la terre
Jusqu'à dan' son lit
Râle le corps là, râle le corps là, râle
Ô la terre
Laisse à li dormi
Moin la trop boire de vin té finn' aigri
Guett' mon l'estomac comment l'est cuit
Moin la senti mon cœur crasé à mort
P'tête bien qu'pou rendr' à li assez fort
Vide le corps là, vide le cœur là, vide
Ô la terre
Vide son méchancerie
Verse la vie là, verse l'amour là, verse
Divin Maman
Fait façon rempli
On arrive à destination en faisant un petit pas après l'autre, sans précipitation. Il faut ménager sa monture, radeau ou mulet. Ti pas, ti pas n'arriver est une chanson qui parle de la persévérance et du courage, de la dureté au mal. Même si le sort s'acharne, que tous les éléments sont contre nous et que la coque du radeau est fragile, il faut tenir. Il ne faut rien lâcher. Comme dans La Rosée si feuille songe, comme dans L'Odyssée, comme dans la vie. Alain Péters sera toujours habité par les mêmes obsessions, façonné par l'adversité. Il se révèle dans la douleur.
Déjà, les abus se font sentir :
« Moin la trop boire de vin té finn' aigri
Guett' mon l'estomac comment l'est cuit »
J'ai bu trop de vin, cela m'a écœuré
Regarde comment mon estomac me brûle
Pourtant ça ne fait que commencer. Les excès sont considérés comme une épreuve. Il ne cherche pas à les éviter mais à faire avec :
« Moin la senti mon cœur crasé à mort
P'tête bien qu'pou rendr' à li assez fort »
J'ai senti mon cœur écrasé à mort
C'est peut-être pour le rendre assez fort
Le mal de mer ou la nausée l'aident à expulser toute la méchanceté. Les conséquences des excès font partie intégrante du processus. Il n'est à aucun moment question de faire autrement. Pour le moment, il avance coûte que coûte avec ses imperfections. La conscience du danger n'est pas encore arrivée jusqu'à lui.
La fin de la chanson, avec ses chœurs, est simplement magnifique.
Merci à Eric Ausseil pour les envolées colorées