Sourires d'une nuit d'été (1955) Ingmar Bergman
En Panodyssey, puedes leer hasta 10 publicaciones al mes sin iniciar sesión. Disfruta de 8 articles más para descubrir este mes.
Para obtener acceso ilimitado, inicia sesión o crea una cuenta haciendo clic a continuación, ¡es gratis!
Inicar sesión
Sourires d'une nuit d'été (1955) Ingmar Bergman
Éloge du libertinage
Qui a dit qu’Ingmar Bergman tard était un réalisateur austère ? Avec Sourires d’une nuit d’été il prouve au contraire qu’il sait faire preuve d’une légèreté et d’une frivolité exquise. On retiendra d’ailleurs que ce divertissement qui tourne autour d’un William Shakespeare, époque Songe d’une nuit d’été, et de La règle du jeu ou Partie de campagne de Jean Renoir, apporta la reconnaissance internationale du cinéaste, déjà auteur d’une quinzaine de long métrages. Notons aussi que Woody Allen ajouta une pierre à cet édifice en réalisant quelques années plus tard sa Comédie érotique d’une nuit d’été, largement inspirée des œuvres sus-nommées.
Le cadre est classique : un avocat a une jeune épouse dont il n’est pas totalement satisfait. Il prend conseil auprès de son ancienne maîtresse, une actrice de théâtre elle-même engagée dans une liaison avec un homme marié. Tous les protagonistes de ce charmant petit vaudeville vont se retrouver pour un week-end à la campagne chez la mère excentrique de l’actrice. Les relations vont se nouer et se dénouer au gré des incidents plus ou moins hasardeux et des manigances des uns et des autres dans une ambiance coquine et plutôt festive.
C’est léger comme une coupe de champagne, Sourires d'une nuit d'été. Les dialogues concoctés par Ingmar Bergman sont drôles et spirituels et les situations cocasses s’enchaînent pour notre plus grand plaisir. Certes ce n’est pas très original, le thème du marivaudage est vieux comme le monde, mais Bergman prouve ici qu’il arrive à parfaitement maîtriser les codes du genre. Loin de développer un propos moralisateur ou conventionnel, il batifole ça et là sur des thèmes supposés triviaux comme le mariage ou le sexe (on notera que la religion ou la mort, sujets privilégiés du réalisateur, ne sont quasiment pas évoqués).
Tout ça dans une ambiance champêtre des plus sympathique, avec un sens de l’esthétique toujours soigné et des acteurs (et actrices !) qui participent grandement à l’opération. On notera en particulier le remarquable travail sur la lumière opéré par Gunnar Fischer. Le fidèle directeur de la photographie prend dans Sourires d'une nuit d'été toute la mesure de la lumière si particulière de l'été suédois. Car si le titre original du film serait plutôt à traduire par Les sourires de la nuit d'été, c'est parce que l'intrigue se déroule lors de la fête de Midsommar, équivalent de la Saint-Jean très populaire en Suède, où le soleil ne se couche pas. Un dialogue du film explicite d'ailleurs la métaphore tirée de cette nuit blanche.
Les quatre actrices principales de Sourires d'une nuit d'été ne sont bien sûr pas étrangères à la douce sensualité qui émane du film. Chacune apporte sa petite touche de grâce d’une manière ou d’une autre : Eva Dahlbeck en maîtresse femme, forte et fragile à la fois, Ulla Jacobson avec son innocente candeur, Margit Carlqvist en femme blessée en manque d’amour et Harriet Andersson débordante de sex-appeal et de fougue. Elles forment à elles quatre une sorte de puzzle complexe et mystérieux qui dessine un portrait de femme en pleine émancipation mais qui demeure malgré tout toujours sous la férule de leurs amants.
Ces hommes, représentés par le fidèle du réalisateur Gunnar Bjornstrand et du comédien Jarl Kull, avec qui Ingmar Bergman va par la suite aussi mettre en scène des pièces de théâtre, nous sont présentés dans la pleine mesure de leur autorité mais aussi avec une distanciation et une ironie qui ne laissent pas dupe le spectateur. Le charme qui se dégage de Sourire d’une nuit d’été est communicatif et intemporel. À la manière des plus grands auteurs classiques, dont il s'inspire, Ingmar Bergman nous livre une œuvre simple et élégante, subtile et divertissante.