Mamma Roma (1962) Pier Paolo Pasolini
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Mamma Roma (1962) Pier Paolo Pasolini
Laisse tomber les filles
Dès les premiers films de Pier Paolo Pasolini se dégage une volonté d’ancrer ses personnages dans le milieu prolétaire des villes italiennes. Accatone puis Mamma Roma ont pour héros des hommes et des femmes du peuple qui luttent au quotidien. Ses premières œuvres cinématographiques sont ainsi clairement affiliées au courant néoréaliste, avec cette façon de décrire une certaine réalité populaire, mais avec un traitement narratif affirmé. Si comme ses prédécesseurs il fait jouer des acteurs non professionnels dans des décors naturels, il s’éloigne de la forme documentaire en adoptant une forme poétique pour raconter des trajectoires humaines parfois tragiques. Sans doute son affirmation en tant qu'auteur apparaît-elle par cette forme, après tout Pasolini a d'abord été connu comme écrivain. Du reste, il a commencé sa carrière dans le cinéma en participant à l'écriture de scénarii et de dialogues, notamment pour Federico Fellini ou bien Mauro Bolognini.
Ainsi dans Mamma Roma Anna Magnani est une ancienne prostituée qui veut à tout prix sortir de son milieu pour offrir à son fils un avenir meilleur. La première scène, d’inspiration très picturale, pose le cadre : Mamma Roma assiste au mariage de son souteneur, Carmine. Elle profite de l’occasion pour mettre fin à son activité de prostituée et compte bien le dire haut et fort. C’est qu’elle a le verbe haut, Mamma Roma, et c’est une quarantenaire charismatique qui ne se laisse pas faire. Elle part plus tard chercher son fils de 16 ans dans la pension à la campagne où elle l’avait laissé quelques années plus tôt. Bien décidée à quitter sa condition, elle place ses espoirs dans cet adolescent qu’elle aime plus que tout au monde. Et qui n’aura de cesse de décevoir ses attentes, puisque l'adolescent, qui n'a pas bénéficié d'une éducation à la hauteur, se lie avec une bande de voyous l'entraînant dans une série de larçins. Tandis que sa mère devient marchande des quatre saisons, il rencontre la belle Bruna, et tombe sous son charme.
C’est avant tout un très beau portrait de femme que ce Mamma Roma, un portrait aux accents quasi-bibliques. Mamma Roma est une madone des temps modernes qui souffre et endure les passions de son adolescent de fils. Le banquet du début rappelle fortement la Cène tandis que de subtiles références à la liturgie catholique, qui passionne le réalisateur, émaillent tout le film. Mais Pier Paolo Pasolini ne s’encombre pas d’un discours moralisateur : Mamma Roma dépeint surtout impeccablement l’environnement prolétaire de Rome et de sa proche banlieue. L’univers dans lequel évolue l’ancienne prostituée est triste et morne, on comprend aisément pourquoi celle-ci est tellement déterminée à vouloir éviter que son fils recommence les mêmes schémas qui l’ont amenée ici. On sent l'attachement du réalisateur à filmer les lieux, que ce soient des terrains vagues ou des immeubles en ruines, afin d'ancrer ses personnages au plus près de leur réalité.
Seulement à 16 ans on est plus attiré par les voyous et les belles jeunes filles, et Ettore n’a aucune envie d’aller à l’école ou de travailler. Sa mère ne sait pas qu’en l’éloignant de la campagne, symbole pour elle d’une absence de possibilité d’élévation sociale, elle ne fera qu’accélérer sa déchéance. Elle ne sait pas non plus que le secret qu'elle garde depuis si longtemps n'en est pas un, ce qui va malheureusement guider la série dévénements tragiques qui vont s'enchaîner. Pour incarner Mamma Roma une actrice d’envergure s’imposait, et ce sera Anna Magnani. L'actrice a enchaîné de nombreux films, collaborant autant avec des réalisateurs italiens comme Luchino Visconti ou Mario Monicelli, qu'américains tels George Cukor ou bien Sidney Lumet. Débordante de sensualité et de générosité, elle symbolise la femme italienne dans toute sa splendeur. D'ailleurs bien des années plus tard, Pedro Almodovar lui rendra d’ailleurs hommage dans Volver en passant subrepticement un extrait du film sur un écran de télévision.
Sans doute l’un des plus beaux rôles d'Anna Magnani, Mamma Roma met donc en scène cette mère courage qui, en essayant de sortir de sa condition, ne fait pas forcément les bons choix. Car l’idéal qu’elle s’efforce d’atteindre est forcément, en ces débuts d’années soixante, un idéal petit-bourgeois que dénonce en filigrane Pier Paolo Pasolini. Un propos mêlant une dénonciation politique et une vision christique, deux thématiques chères au metteur et scène et qu’il réitérera tout au long de sa filmographie. Bien évidemment cela ne plaît pas à tout le monde à cett époque, et cela amènera bon nombre de ses œuvres, et Mamma Roma la première, à être taxé de sulfureuses voire pornographiques. En effet, le film, présenté lors de la Mostra de Venise, fait sensation, et est même qualifié d'obscène et de grossier par certains. Autant dire qu'en matière d'atteinte à la pudeur, le réalisateur de Théorème ou de Salò ou les 120 journées de Sodome montrera par la suite qu'ici l'outrage est relativement mince.