Cul-de-sac (1966) Roman Polanski
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Cul-de-sac (1966) Roman Polanski
En attendant Godot, teinté de Nouvelle Vague
Le tournage de Cul-de-sac, troisième film de Roman Polanski, qu’il réalise avec Gérard Brach en Grande-Bretagne, a été mouvementé. Sortant de Répulsion, il choisit à la dernière minute son actrice principale, Françoise Dorléac, qui frôlera la mort, manquant de se noyer dans une eau glacée. Le réalisateur confirme son caractère difficile tandis que ses acteurs, en particulier Lionel Stander, se montre réticent et acariâtre, à l'image du personnage qu'il incarne. Les conditions climatiques n'arrangent rien et certaines scènes doivent être tournées dans l'urgence, l'équipe étant pressée par les exigences des producteurs. Le film ne sera pas bien reçu par la presse américaine, le trouvant un peu trop avant-gardiste à leur goût. Il faut dire que c’est un mélange des genres peu habituel.
Le début
Deux gangsters se trouvent coincés dans leur voiture en panne sur la côte anglaise du Northumberland. L'un d'entre eux étant blessé, c'est le deuxième, Richard, qui se voit contraint d'explorer les environs pour trouver de l'aide. Sur une plage près d'un château isolé, il voit deux jeunes gens batifoler. Il s'approche de l'ancienne demeure et la croit abandonnée avant que le couple ne vienne sur la terrasse. Il se cache alors dans le poulailler en attendant et observe ce qui se passe. Trois personnes arrivent, dont les parents du jeune homme qui l'appellent pour partir. La jeune femme, Teresa, rejoint alors le troisième larron, qui est son mari George, propriétaire des lieux. Ils se chamaillent pour savoir ce qu'ils vont manger puis Teresa se moque de George, le faisant enfiler une chemise de nuit et le maquillant.
Analyse
Dans sa forme, Cul-de-sac ne s'inscrit pas dans un genre bien défini. Il emprunte au film noir pour la figure de l'un de ses personnages principaux, un dur cuire qui ne dépareillerait pas dans un film américain de mafia. Il possède également un humour décalé, tellement british, mélangé à des scènes dont l’absurdité fait penser au théâtre d'un Samuel Beckett. L'intrigue générale, où les personnages ne font qu'attendre un homme qui ne viendra jamais, semble d'ailleurs faire écho à En attendant Godot, en le revisitant. La liberté de ton a l'air d'être le maître-mot de ce long-métrage très en vogue avec son époque. N’oublions pas que nous sommes en 1966, et que le Royaume-Uni bruisse des sons du Swinging London.
Autre détails qui n’en sont pas, le réalisateur est relativement jeune, le tournage se fait en extérieur et les genres, tout comme les thématiques, sont revisités. La Nouvelle Vague n'est pas bien loin, et la liberté de ton est également à l'honneur, à travers les dialogues et la remise en cause de l'ordre établi, et en particulier du couple, thème cher aux réalisateurs modernes qui, depuis Voyage en Italie, ne cessent d’évoquer la crise conjugale. Les deux personnages principaux de Cul-de-sac sont en effet un couple de bourgeois archétypaux, dont le mari, plus âgé, est trompé par son épouse dès le début du film. Il se retrouve ainsi de façon métaphorique dans le même cul-de-sac que celui que découvre le gangster en arrivant au château.
Ainsi Roman Polanski égratigne-t-il dans Cul-de-sac le modèle des années 1960, croquant également une famille de soi-disant amis qui vont bien vite être remis à leur place. Au niveau du casting, l'harmonie est par contre présente, en tout cas à l'écran, et chacun campe très bien son personnage. Françoise Dorléac rayonne pour sa première apparition dans un film en langue anglaise, tandis que Donald Pleasence, que l’on retrouvera bien des années plus tard en Dr Samuel Loomis dans Halloween, montre une fois de plus une facette de son talent. Dans cette espèce de « huis clos en extérieur », aux allures mineures, Roman Polanski parvient toutefois à nous mitonner une mise en scène élaborée et efficace.