Un mauvais fils (1980) Claude Sautet
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Un mauvais fils (1980) Claude Sautet
Longue est la voie de la rédemption
Au début des années 1980, et pour nombre de critiques de l’époque, Claude Sautet n’est pas un réalisateur qui a la carte, juste un réalisateur de gauche qui ne se reconnaît pas dans la Nouvelle Vague et qui, comble de l’infamie, s’obstine à filmer la bourgeoisie dans les années 1970. Justement avec Un mauvais fils, le cinéaste décide de changer de cap. Il quitte ici son duo fétiche Michel Piccoli - Romy Schneider (à qui il vient de donner un rôle magnifique dans Une histoire simple) et s’intéresse à l’histoire d’un jeune homme d’origine populaire incarné avec grâce par Patrick Dewaere. Celui-ci se trouve dans une mauvaise passe, à la fois professionnelle et personnelle, et le rôle qu'il va incarner fait échos à nombreuses des problématiques auxquelles il fait face.
Bruno Calgagni, la petite trentaine, arrive tout juste de New-York où il vient de purger une peine de cinq ans en prison pour usage et trafic de drogue. Après avoir été cueilli par la police à l’aéroport, il retourne chez son père René, chef d'équipe sur un chantier, dont il n’a pas eu de nouvelle depuis plus de deux ans. La scène de la rencontre est poignante d’intensité et résume parfaitement la situation. Dans le regard du père, qui se veut chaleureux, on sent le désarroi d’un homme qui ne sait pas comment gérer une situation inattendue, et déjà se profilent des reproches trop longtemps contenus. Le visage du fils est celui d’un homme trop tôt cassé par la vie, qui brûle d’attentes vis-à-vis d’un père avec qui espère renouer. René doit partir travailler et l'on se rend compte que ne sera pas simple.
Déjà le talent de Claude Sautet éclate dans une scène inaugurale, très brève et terriblement émouvante, tout en restant extrêmement pudique. Voilà la patte du réalisateur, qui parvient à construire des ambiances à partir de trois fois rien. En cela, et dans la captation de l’ère du temps de ce début d’années 1980, Un mauvais fils ne déroge pas à une règle qu’on a déjà pu observer dans Vincent, François, Paul et les autres ou dans Mado. Ce petit microcosme qui s’agite autour de Bruno va être finement analysé, chacun des personnages bénéficiant d’un traitement aussi délicat. Si le scénario, coécrit par le mari de Romy Schneider, donnait initialement une importance particulière au personnage féminin, sa version finale accorde une place à chacun des personnages.
Mais le « héros » d'Un mauvais fils, c’est bien Bruno, l’excellent Patrick Dewaere. On dirait que le rôle a été taillé sur mesure pour l’acteur : il apporte toute sa fêlure à un jeune homme cassé par l’existence. Bruno a fait des conneries, il a payé, tout ce qu’il demande aujourd’hui c’est de retrouver le goût de vivre. Sa rencontre avec Catherine (Brigitte Fossey très touchante, et toujours aussi juste), une ex-droguée avec qui il partage la difficile lutte pour s’en sortir, sera la bouée à laquelle il va s’accrocher coûte que coûte. Leur ange-gardien sera Adrien, admirable Jacques Dufilho qui nous gratifie d’un monologue drôlissime et qui éclaire une scène d’une intensité dramatique pourtant très forte. L'acteur recevra d'ailleurs par la suite le César du meilleur second rôle pour ce film.
Et le cœur de l’intrigue d'Un mauvais fils c’est cette relation père/fils qui structure tout le film. Une relation construite autour de deux figures féminines, la mère dont le père reproche à son propre fils la mort deux ans auparavant, alors qu'il était absent, et la maîtresse, la toujours excellente Claire Maurier, qui n’arrive pas à trouver sa place dans ce tableau de famille. Yves Robert est plus que convaincant face à un Patrick Dewaere qui crève pourtant l’écran, et les non-dits comme les coups de gueule de ces deux fortes têtes serviront de catalyseurs pour une analyse très fine des rapports humains et familiaux. Une fois encore, Claude Sautet touche au cœur et impose un style inimitable qui fait de lui l’un des plus grands réalisateurs français.