Intolérance (1916) David W. Griffith
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Intolérance (1916) David W. Griffith
Matrice, vous avez dit matrice ?
Profondément blessé par les vives critiques (sans doute en partie justifiées) qui lui ont été faites pour sa Naissance d’une nation, David Wark Griffith, un des plus importants pionniers du cinéma, s’attelle à une gigantesque fresque qui deviendra Intolérance. Prenant à contre pied les accusations de racismes à son encontre, il décide de préparer un film illustrant la notion d’intolérance à différentes périodes de l’histoire de l’humanité. Au début, Griffith avait dans l’idée de raconter une seule histoire, l’histoire contemporaine. Il a alors l’idée de génie de mêler trois autres histoires pour étayer son propos, dont l’une d’elle, la plus spectaculaire, se déroule à Babylone. Pour mener à bien ce projet il s’aide de quelques assistants réalisateurs qui figureront parmi les plus grands noms du septième art : Tod Browning, Erich Von Stroheim ou Woodbridge Strong Van Dyke. Le film sera un gouffre financier mais comptera parmi les œuvres phares du cinéma.
Quatre histoires sont entremêlées, séparées par l’image d’une femme berçant un enfant. À l’époque actuelle (en 1916), la Petite Chérie épouse le Garçon ; tous deux sont pauvres et vont subir toutes sortes de déconvenues financières et sociales, plus ou moins dues à une association de soit-disant bienfaitrices, les Vestales de l’Élévation. De son côté, en 1572, Catherine de Médicis convainc son fils, le roi Charles IX, du massacre de la Saint Barthélémy, « pour le bien des catholiques » ; l’épisode est traité de façon mineure par rapport aux autres. Puis, à l’époque de la Judée, quelques épisodes de la vie du Christ nous sont brièvement évoqués (et quelque peu bâclés). Enfin, l’histoire de la chute de la grande Babylone nous est narrée de façon monumentale.
La raison pour laquelle Intolérance a influencé tellement de réalisateurs (d'Orson Welles à Sergeï Eisenstein en passant par Abel Gance) c’est l’incroyable esprit novateur de David Wark Griffith qui y transparaît. Il utilise ici toutes les techniques du cinéma et profite pour mettre en valeur la technique du montage alterné qu’il avait mis en place notamment dans Naissance d’une nation. Les quatre récits sont ainsi racontés de façon linéaire dans leur narration mais découpés de telle façon que les épisodes des quatre époques sont mélangés les uns aux autres. Ce qui renforce le caractère universel du message martelé (de façon quelque peu didactique, certes) : les intolérants de toutes sortes nous ont de tout temps dicté leur loi. Un message simpliste qui se retrouve dans la façon qu’a Griffith de traiter ses histoires de façon souvent académique et quelquefois facile.
Le caractère novateur d’Intolérance se retrouve aussi dans sa mise en scène. David Wark Griffith utilise brillamment toutes les façons de filmer répertoriées alors et n’hésite pas à briser les carcans alors en vigueur. Travellings, gros plan, plans larges puis rapprochés, un flash-back brièvement inclus à un des récits : la technique cinématographique encore à ses balbutiement est ici pour une des premières fois de l’histoire utilisée dans sa globalité pour servir le récit. L’interprétation elle-même détonne avec les autres films de l’époque : aux postures théâtrales et emphatiques jusque là de rigueur, Griffith préfère former des acteurs exclusivement pour le cinéma, ce qui rend leur performance bien plus naturelle que ce qu’on est habitué à voir dans les films muets de l’époque. Toutes ces innovations formelles font d’Intolérance, malgré ses longueurs (l’épisode actuel, le plus sobre et le plus percutant des quatre, éclipse le pourtant colossal épisode babylonien qui aurait peut-être mérité un traitement à part), un film d’une importance capitale dans l’histoire du cinéma.