Egarés
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Egarés
À quel moment avons-nous échoué ? À quel moment nous sommes-nous égarés ?
6 h du mat, je sors de mon lit. La nuit a été dure, comme toutes celles d'avant, depuis bientôt 10 ans. Le réveil est rude, mais c'est toujours pareil. Mes articulations craquent, mes muscles se crispent. La sueur me glace le dos, alors que les larmes réchauffent mes joues. Mes mains tremblent. Le manque de tout se fait de plus en plus ressentir.
7 h du mat, je sors dans la rue. Des images effroyables sont gravées sur ma rétine blanchie par les années. Les cauchemars défilent, jour après jour. Impossible de les oublier. Impossible de les éviter. Ils sont imprimés dans mon cortex. Les sons diffèrent, les odeurs aussi, mais le paysage reste le même.
8 h du mat, je sors du métro. La foule m'oppresse. Les visages m'agressent. Les corps me pressent. Le chaos ambiant me fatigue et me réconforte. C'est désarmant et alarmant. Je ne sais plus ce que je ressens. Tout se bouscule dans ma tête.
9 h du mat, je sors de mes pensées. La journée a enfin commencé. Un peu d'actions. Un peu de distractions. Pourtant, je ne peux m'empêcher de tourner en rond. Je ressasse sans arrêt, comme une machine mal huilée, des souvenirs d'un passé si lointain. Des instants d'une autre vie. Lorsque le sol était encore recouvert d'herbe verte. Lorsque le parfum des fleurs embaumait encore l'air frais du matin. Lorsque les animaux foulaient encore cette terre.
À quel moment avons-nous échoué ? À quel moment nous sommes-nous égarés ? Si je regarde par la fenêtre, je ne vois plus que des nuances de gris, toute plus terne les unes que les autres. Je ne vois que mort et désolation. Que goudron et béton.
Texte de L.S.Martins (15 minutes chrono, sans relecture).
Image par Gerd Altmann de Pixabay