- Elle l’est. Pur produit de laboratoire. Un spécimen remarquable, non ? Regarde-moi cette merveille. Ses écailles en titane… Ses yeux hypnotisants… Époustouflant ! s’exclama Léila.
- Ouais… Ce que je vois surtout, c’est un putain de monstre ! Et que notre macchabée, à côté, sa victime.
- Bien vu le bleu ! Tu viens de trouver l’arme du crime. Je te laisse t’en occuper. Je vais interroger tout ce beau monde.
Léila s’éloigna sans attendre de réponse. Me laisser m’en occuper ! Elle est marrante, elle ! Comment je vais faire ? Je fouillais du regard les environs à la recherche de la moindre aide : un bâton, un sac… Une caisse ! Super. Certainement celle qui avait permis de déposer cet étrange cadeau.
J’enfilai des gants, pour éviter de contaminer cette pièce à conviction, et l’ouvris. À l’intérieur, des cadavres de souris, de chats… Rien de très intéressant pour ce serpent. Il me fallait quelque chose de vivant pour l’appâter. Mais quoi ?
- Bon le bleu, t’as pas bientôt fini de jouer avec cette bestiole ? me cria Léila.
- Viens me filer un coup de main ! J’y arriverai pas tout seul.
Je l’entendis souffler, mais elle ne prit pas la peine de me répondre. Elle s’approcha du reptile, lui attrapa la tête et le balança dans la caisse. Il n’eut pas le temps de réagir ! Sonné, il s’enroula au fond de la boite, que je refermai avec précaution.
- Ce n'était pas compliqué ! me cracha Léila. Bon. On rentre.
- Quoi ? Maintenant ? Mais ?! Et le mort ?
- Ben quoi ? On peut plus rien pour lui. On a trouvé le coupable et je viens de le mettre en cage. On peut rentrer !
- Il n’est pas venu ici tout seul. C’est un meurtre ! Tu le sais aussi bien que moi…
- Oui, je le sais parfaitement, le bleu. Ce n’est pas ma première affaire ! Nous ramenons le corps et le serpent avec nous pour analyse. J’ai pris des photos des lieux et interrogé les témoins pendant que tu faisais mumuse.
- Et tu as réussi en tirer quelque chose de tes témoins ? Je parierai que non ! Tu ne parles pas leur langage. Moi si ! Laisse-moi leur parler.
- Comme tu voudras. Mais je te préviens, moi, je rentre ! Tu te débrouilleras pour revenir à la base.
- Léila, bon sang ! Arrête de te comporter comme une conne ! hurlais-je.
J’eus le droit à une puissante gifle en guise de réponse. L’oreille sifflante, la vue brouillée, je regardais Léila s’éloigner avec la cage de notre tueur sous le bras.
Le retour se fit dans le plus grand silence. Hors de question que je m’excuse pour ce que j’avais dit ! Cette tête de mule l’avait bien mérité. Mais, je savais que je n'étais pas au bout de mes peines. Le capitaine allait me tomber dessus à notre retour… Pour l’avoir insulté et surtout pour l'avoir laissé mener les interrogatoires. Mon père avait déjà dû appeler le capitaine pour crier au scandale. Comme si j'avais eu le choix ! Oh... quel bonheur cette bonne femme !
20 minutes chrono, sans relecture
Texte de
L.S.Martins