La sorcière de la forêt
Auf Panodyssey kannst du bis zu 30 Veröffentlichungen im Monat lesen ohne dich anmelden zu müssen. Viel Spaß mit 29 articles beim Entdecken.
Um unbegrenzten Zugang zu bekommen, logge dich ein oder erstelle kostenlos ein Konto über den Link unten.
Einloggen
La sorcière de la forêt
Personne ne sait qui elle est réellement. Tout le monde ignore qui se cache derrière cette cape de soie violette. Pourtant, bon nombre de légendes la décrivent comme un monstre sanguinaire dissimulé derrière l'apparence d'une magnifique jeune femme. Un démon au visage d'ange. Certains la pensent responsable de tous les maux de notre monde. Morts étranges, disparitions inexpliquées, mauvaises récoltes...
Mais moi, je me refuse de croire en ces inepties. Je me refuse de penser qu'elle puisse être dangereuse. Chaque nuit, alors que tous dorment profondément, je veille son retour. Je guette la forêt à la recherche de son ombre. Je sais qu'elle reviendra. Je sais qu'elle ne m'abandonnera pas.
Voilà presque 15 ans déjà je suis sur ces terres. Je suis arrivé lors de la lune du loup. Le sol était gelé et l'air glacial. Je n'avais que 5 ans, et pourtant, je me souviens parfaitement de cette soirée d'hiver. De la chaleur de ses bras. De l'amour dans son regard. Mes parents et moi avions été attaqués par des mercenaires alors que nous nous dirigions vers la ville. Mon père a tenté de nous défendre, mais il est mort sous les coups d'un de ces hommes en noir. Ma mère l'a suivi quelques minutes plus tard, mais pas sans être parvenue à me cacher de nos agresseurs. Elle m'avait fait ramper sous le plancher de notre diligence, comme lors de nos parties de jeu les après-midi pluvieux. Mon corps était si mince et menu qu'il m'était facile de me faufiler et de trouver refuge sous le siège du conducteur. Aucun de ces monstres n'avait songé à m'y chercher. Ils pensaient tous que j'avais fui dans la forêt et que je servirais de repas aux créatures des bois. Ils dépouillèrent le corps sans vie de ma famille avant de les brûler pour ne pas attirer les charognards avant leur départ.
Parfois, lorsque je ferme les yeux, je peux encore entendre leur rire cruel. Je peux encore sentir l'odeur âcre - celle de la poudre, du métal chauffé, du sang et de la chair brûlée. Je me souviens parfaitement du soleil se levant à l'horizon. De ses rayons voilés par la fumée épaisse qui flottait dans l'air. Du sol labouré par les pas de nos assaillants et des chevaux effrayés par l'attaque soudaine. De l'herbe fraîche souillée de boue et du visage de ma mère. De son regard doux et rassuré de me savoir en sécurité...
Tremblante de froid et de peur, je n'osais sortir de ma cachette. Même après les avoir vu s'enfoncer sur le sentier. Même après que le silence soit revenu... J'ignore combien de temps je suis restée assise dans cet endroit exigu à pleurer toutes les larmes de mon corps. J'ignore comment elle a pu me trouver. J'ignore comment je me suis retrouvée blottie dans ses bras. La tête contre sa poitrine, bercée par les battements de son cœur. Elle ne me dit rien. Pas un mot. Sa simple présence me calmait, m'apaisait. Son sourire me réchauffait.
Au petit matin, lorsqu'enfin je me suis réveillée, je me trouvais dans un lit chaud et douillé. Elle m'avait laissée aux portes de ce village. Elle m'avait laissée entre les mains d'une veille dame un peu excentrique mais si gentille. Il y a presque 15 ans...
Texte de L.S. Martins (30 minutes chrono sans relecture).
Image par Alexander Roy de Pixabay