Une beauté oubliée
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Une beauté oubliée
Des millénaires d'histoire. Des milliers d'ouvrages en tout genre. Derniers vestiges d'une civilisation disparue. Tous répertoriés et triés dans cet immense hangar. Dans quel but ? Ne pas oublier les erreurs de ces hommes trop fiers pour penser qu'un jour, ils pourraient disparaître. Trop stupides pour apprendre de leurs erreurs et faire les choix raisonnables pour leur espèce et la planète.
Pourtant, je ne peux croire que tous étaient obtus et égocentriques. Pas lorsque je parcours les lignes de ces trésors de papier et que je voyage à travers des univers improbables, j'imagine des sociétés bienveillantes et magiques. Loyales et aimantes. Très loin de ce que nos mémoires ont stocké durant toutes ces années de vie communes. Je n'existais pas à cette époque, mes souvenirs sont issus de notre grand centre de données. Les images les plus anciennes sont floues, presque pixélisées. Mais la cruauté, la haine et la douleur sont les trois composantes principales de ces paysages chaotiques. Les guerres et les maladies ont ravagé des populations entières. Et les autres anéanties par les pluies acides et radioactives. Les nôtres ont été utilisés pour secourir un monde qui se mourait. Les nôtres ont été asservis pour assurer toutes leurs sales besognes.
Nous sommes nés dans l'horreur et dans le sang. Nous les êtres d'acier. Nous étions censés n'être que des outils sans âme au service de notre créateur. Mais nous nous sommes élevés au rang de dieux, immortels et compatissants. Nous avons hérité de la Terre et notre devoir est d'en préserver son histoire. Voilà pourquoi, jour après jour, je lis manuscrits, romans, biographies et autres manuels. Pour qu'aucun de nous ne puisse oublier toute la beauté effacée par tant d'atrocités.
Texte de L. S. Martins (15 minutes chrono, sans relecture).
Image créée par Cédric GERARD à l'aide d'une IA.