Jamais nous n'oublierons
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Jamais nous n'oublierons
Nous avons longtemps cru que nous étions seuls dans l’univers. Que nous demeurions la seule espèce capable de transformer la matière pour la façonner selon nos envies, selon nos caprices. La seule espèce capable de soumettre la nature à notre bon vouloir…, mais nous avions tort.
Alors que j'explorais la galaxie à bord de l’Ulysse, je suis tombé sur cette étrange planète bleue, à seulement quelques années-lumière de notre chère Hyliopta. Elle n’était sur aucune de nos cartes de navigation, personne ne s’était aventuré ici avant moi. Les radiations de cette zone étaient jusque-là beaucoup trop nocives pour nous. Nous ne possédions pas encore la technologie pour nous en protéger. Mais avec le temps, l’activité de cet astre brûlant avait diminué, voilà comment j’avais pu atteindre ce corps céleste sans risque.
Vue d’en haut, elle n’était jamais plongée dans le noir, des milliers de points lumineux éclairent les continents lui conférant des allures de carte du ciel. Elle m’intriguait. J’étais curieux d’en apprendre plus. Alors, avant que je ne me décide à m’y poser, Cortona, mon intelligence artificielle, a réalisé une analyse complète. L’atmosphère était chargée en CO2 et de nombreux autres gaz pouvant être mortels à grande dose, mais rien que je ne pouvais supporter avec une bonne combinaison. Le plus surprenant était que sa surface grouillait de vie malgré la composition de l’air.
Après un court message à ma base sur Hyliopta, j’avais activé le mode camouflage de mon Ulysse pour descendre sur cette planète inconnue. Quelle ne fut pas ma surprise : malgré la faible distance avec cet astre lumineux, il faisait sombre et froid. Une épaisse couche brumeuse empêchait les rayons d’atteindre le sol. Tout était si gris… Les êtres qui peuplaient cette planète semblaient tristes, fermés. Les animaux vivaient en cage, la captivité devenue l’unique solution à leur survie pour des raisons climatiques. La nature était fatiguée, à l’agonie et les eaux bouillantes et toxiques. Pourtant, si l’on en croit les récits que Cortna avait pu trouver en se connectant sur leurs réseaux, la beauté des paysages était spectaculaire : des forêts à perte de vue, des cascades gigantesques, des montagnes enneigées, des étendues infinies de sable, des moments incroyables…, mais je n’avais rien vu de tout cela. Il ne restait que des bâtisses immondes et énormes dans lesquelles s’entassaient des familles entières, des puits de forage monstrueux aspirant les quelques fragments de vie de cette pauvre Terre et une technologie énergivore et polluante.
Cette découverte me fit l’effet d’un électrochoc. Nous ne sommes pas seuls dans l’univers. Nous ne sommes pas la seule espèce capable de transformer la matière, de soumettre la nature, mais nous pouvons apprendre de leurs erreurs. Voilà ce que j’ai retenu. Voilà ce que j’ai enseigné à mes semblables. Aujourd’hui, nous vivons en harmonie avec notre douce Hyliopta. Nos bâtiments sont conçus pour se fondre dans le paysage à l’aide de surfaces réfléchissantes. Nous ne cherchons plus à maîtriser la météo, nous vivons avec et sommes reconnaissants de la beauté et de la clarté de notre ciel. Jamais nous ne nous lasserons de cette vue imprenable sur l’univers et sur les corps célestes qui nous entourent. Et jamais nous ne négligerons notre chance.
Texte de L. S. Martins (30 minutes chrono, sans relecture).
D'après Image par gene1970 de Pixabay : Espace Planète Fantaisie - Image gratuite sur Pixabay