Carl Bommer
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Carl Bommer
J’avais merdé. C’était indéniable. J’avais refusé de croire aux inepties de ce joli minois. Quel con ! Mais pouvait-on réellement m’en vouloir ? Des nanas comme elle, on en voyait défiler toute la journée. Toujours une histoire scabreuse sur fond de romance. Bref ! Rien de très intéressant pour la première page du Daily, le plus prestigieux journal de notre belle ville.
Quand ces jambes superbes, terminées par des talons aiguilles qui les galbaient à merveille, se sont installées face à moi, je n’ai pas écouté. Je n’ai cru aucun des mots qui sortaient de cette bouche pulpeuse peinte en rouge. Et pourtant. Si j’avais pris le temps d'effectuer quelques recherches, de recouper ses dires avec d’autres témoignages… Je tenais le scoop du siècle, mais comme un con, je les avais laissés filer, lui et cette incroyable créature !
Lorsque le Crazy Magazine, un vulgaire torchon pour toutes ces vieilles rombières en manque d’amour, sortit un numéro spécial sur cette affaire, je crus sentir le sol s’ouvrir sous mes pieds. Au bureau, le chef Trent cherchait à comprendre comment nous avions pu passer à coté d’un scoop pareil. Et, il ne fallut que quelques minutes à ce fouille-merde de Steven pour me dénoncer ! Lui, qui reluquait depuis plusieurs années ma place, n’avait pas hésité une seule seconde.
On me laissa le choix : soit je démissionnais, soit j’étais muté. Partir était inconcevable pour moi ! Cela aurait été un suicide professionnel… La fin de ma carrière de grand reporter. J’acceptais, à contre cœur, mon nouveau poste. Je partais pour l’Ouest sauvage, moi le citadin adepte du costard cravate et de la cigarette.
Je fus accueilli, à la sortie du train, par le shérif du coin. Un homme cynique et vulgaire qui puait l’alcool et le tabac à chiquer. Il ordonna à deux de ses officiers de récupérer mes malles et de les jeter dans la charrette, avant de me proposer de faire le tour de la ville. Enfin proposer… Je n’avais guère le choix ! On enchaîna rapidement la visite du saloon, rempli de poivrots et de putains, de la banque, de la prison, pour finir par la mairie. Il me présenta au maire de cette ville morne et austère. Un sourire pervers aux lèvres, des yeux de fouine et les mains moites. Un gros bonnet qui empestait la corruption !
Lorsqu’on arriva enfin devant les bureaux du Reporter, le shérif m’expliqua ce que l’on attendait de moi : rédiger et imprimer les avis de recherches, les récompenses pour les têtes mises à prix, les invitations aux pendaisons, et bien sûr, écrire les nécrologies ! Après, si je le souhaitais, je pouvais toujours m’amuser à écrire des articles sur la ville et ses alentours…
Je ne fis pas de vieux os dans cette contrée sauvage. En acceptant cette mutation, j’avais signé mon arrêt de mort ! Jamais plus je ne revis la ville, ses buildings étincelants, ses voitures… Et ses habitants civilisés. Quelques mois après mon arrivée, je pris une balle dans le dos. Mon seul tort : avoir osé dire ce que je pensais à la mauvaise personne. On m’enterra devant mon bureau… Une sorte d’avertissement pour les prochains malheureux !
Aujourd’hui, il ne reste rien. L’herbe a envahi les rues. Seul le poste du Reporter a survécu au tragique incendie qui dévasta la ville entière. Noirci par le temps, ravagé par les intempéries, il résiste, demeurant l'unique vestige d’une vie quelque peu évoluée. L’arrière-plan sinistre de ma tombe sauvage. Si vous vous rapprochez vous pourrez apercevoir mon nom, oublié de tous… Carl Bommer.
30 minutes chrono, toujours sans relecture
Texte de L.S.Martins