Le dernier Uracien
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Le dernier Uracien
Je suis le dernier représentant de mon peuple. On nous a traqués, pourchassés jusqu’aux tréfonds de l’univers, durant des siècles simplement pour éviter qu’une antique prophétie ne se réalise. Pour que le sauveur de ce monde imparfait et cruel ne voie jamais le jour.
Les dires d’une vieille folle, que tous ces idiots prénommaient « Oracle », a condamné des milliers d’hommes et de femmes à une vie misérable et une mort épouvantable. Ma famille a été assassinée sous mes yeux. Je n’avais que trois ans et pourtant ces images sanglantes sont restées gravées dans ma mémoire. Chaque nuit, lorsque je fermais les yeux, elles revenaient me hanter : mon père se faisant transpercer le ventre alors qu’il tentait de protéger mes sœurs de ces soldats déchaînés ; le sang de mes frangines inondant le sol ; le corps de ma mère pris de convulsions violentes lorsque l’un de ces monstres s’attaquait à elle…, pendant que moi, je me planquais sous les lattes du vieux plancher, terrorisé. Ma cachette favorite.
J’y étais resté recroquevillé près de deux jours, mort de trouille. Ne comprenant pas vraiment pourquoi mes parents n’étaient pas venus me chercher. Après, tout est confus. Je revois Rand, l’homme qui m’a élevé, soulever la trappe et me porter loin de ce cauchemar. Je me souviens d’une chaleur intense. D’une douleur insoutenable. Et puis plus rien…
Quelques années plus tard, l’histoire se répétait. Des hommes ont assailli notre village, détruisant tout sur leur passage. Ils étaient à la recherche du dernier Uracien. Ils étaient à ma recherche… et une fois de plus, j’étais resté impuissant. Du haut de mes douze ans, j’étais incapable de tenir tête à ces combattants hors pair. Malgré toutes les leçons de Rand, tous mes entraînements, je n’avais pas même la force de brandir correctement mon épée. J’avais couru des heures durant à travers la forêt noire, jusqu’à ce que mes larmes ne coulent plus et que l’air me manque. Comme Rand me l’avait ordonné.
Cette fois-ci, personne n’était venu me sauver. Je demeurais seul, perdu dans ces bois sinistres, ne sachant où aller. Je mis en pratique tous les enseignements de mon père. Chasse, feu, construction d’abri… mais je n’étais pas prêt à passer un hiver dehors. Mon corps frêle ne pouvait lutter contre le froid extrême des montagnes. Par chance, à force d’errance, je suis tombé sur une maison envahie par le lierre qui me servit de refuge durant près de trois mois. Elle était vétuste et poussiéreuse, pourtant, je m’y sentais bien. À l’intérieur, une bibliothèque immense recouvrait un pan de mur entier peuplée de livres de magie, d’histoires et de médecine. Un passe-temps idéal pendant les jours de blizzard grâce auquel aujourd’hui, je suis devenu l’homme le plus fort de ce monde. Celui dont, jadis, ils avaient si peur.
Je suis le dernier représentant de mon peuple. Le dernier Uracien capable de maîtriser les éléments, de terrasser une armée entière à la force de ma lame. Prenez-garde, car je marche sur le désert de Kyriac bien décidé à venger tous les innocents tombés sous le joug de fou. Prenez-garde, car la prophétie va bientôt s’accomplir.
Texte de L.S. Martins (30 minutes chrono, sans relecture).
D'après Image par Stefan Keller de Pixabay : Soleil Léger Chauffer - Photo gratuite sur Pixabay