

Et si...
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Et si...
Le temps reflète parfaitement mon humeur : sombre, triste, glaciale. Comme mon cœur. Je marche depuis des heures sous cette pluie battante, le corps transi de froid, incapable de me souvenir de qui je suis. D'où je viens. Pourtant l'impression que quelque chose de terrible s'est produit ne me quitte pas. Elle me colle à la peau comme cette chemise bien trop grande pour moi depuis que j'ai ouvert les yeux.
Je me suis réveillée, allongée sur le plancher boueux d'une vieille cabane qui menaçait de s'effondrer au moindre coup de vent. Le bois hurlait de mécontentement, les fenêtres vibraient d'effroi et la porte claquait de colère sous la violence de la tempête qui se déchaînait dehors. Un bruit cadencé qui me berçait dans mon mal-être.
Non loin de la cheminée éteinte depuis des années, je baignais dans du sang chaud et collant. Étais-je morte ? Exsangue et glacée ? Terrifiée et abandonnée ? Je palpais mon corps à la recherche de blessures sans rien trouver, hormis un physique malingre et affamé recouvert d'un vêtement masculin immense et poisseux.
Quelque peu rassurée, je me redressai pour me trouver face à un spectacle déconcertant. Face à cet autre, immobile, à quelques pas de moi. Le regard hagard, le visage blafard figé dans une expression d'horreur. Un inconnu adossé au mur, la bouche ouverte dans un cri silencieux. La gorge tranchée. Mon premier réflexe fut alors de me précipiter loin de lui et de scruter la pièce en quête du moindre danger. Mais j'étais seule. Le vide meublait entièrement cette étrange maison. Le vide et la dépouille de cet homme à peine âgé de vingt ans.
Un vertige me fit trembler. Une sueur froide coula le long de ma colonne. Les murs se rapprochaient dangereusement, faisant naître en moi un sentiment de claustrophobie inconnu jusqu'ici. Je me précipitai à l'extérieur, bien décidée à m'éloigner de ce tombeau terrifiant. Presque nue, je courais dans la nuit noire et lugubre, mue par ma seule volonté, m'enfonçant dans une forêt épaisse sans savoir réellement où j'allais.
Et soudain, je l'aperçus. Mon salut. Mon phare dans la tempête. Brillant. Lumineux. L'espoir d'être sauvée. La promesse de chaleur et de sécurité. Épuisée, je trouvai mes dernières forces dans la vague d'euphorie que cette vision provoqua en moi pour continuer à avancer.
À présent, seulement quelques mètres me sépare de mon refuge, mais le doute et la peur s'infiltrent dans mes pensées. Et si tout ceci n'était qu'un piège ? Une mise en scène visant à divertir un fou ? Les larmes chaudes coulent sur mes joues inondées de pluie. Mes jambes cèdent brusquement et je tombe à genoux. Lasse. Vidée. Anéantie.
Que dois-je faire ? Mourir ici serait-il préférable à mourir là-bas ? Seule ou aux mains d'un autre... Je hurle mon désespoir. Je crie ma consternation. Je pleure mon indignation. Le corps douloureux secoué par les sanglots et les tremblements. Anonyme et abandonnée. Prisonnière et solitaire. Perdue et incertaine.
Texte de L. S. Martins (20 minutes chrono, sans relecture).
Image par Dave Meckler de Pixabay : Ai Généré Phare Pluie - Image gratuite sur Pixabay

